Paul Biya vient d’être réélu pour les 7 prochaines années à la tête de l’Etat. Mais à 85 ans et après 36 ans de pouvoir, qui ne penserait pas à l’avenir avec toutes les garanties que cela implique ? Là est la question. Il n’a sans doute pas échappé ces jours-ci aux différents observateurs, le manège qui tourne autour du premier fils de Paul Biya, Franck Biya.
D’habitude caché, vivant quasi-incognito, sans presque jamais fait parler de lui, l’homme de 47 ans pointe de plus en plus le bout de son nez sous les feux des projecteurs. On a en effet l’impression qu’on le met petit à petit en orbite.
Le 06 novembre dernier, l’importance qu’on lui a donnée auprès de son père lors de la prestation de serment n’a pas échappé à l’œil avisé des Camerounais. Présent aux côtés de Paul Biya pour la circonstance (ce qui était normal), il a surtout joui d’une certaine proximité avec celui-ci. Sur le tapis rouge, il se situait un pas à peine derrière son paternel. Lorsque Paul Biya finira de prêter serment à l’assemblée nationale, il l’accompagnera, toujours un pas derrière lui, jusqu’au lieu de la revue des troupes, ce avant que le président n’embarque dans sa limousine pour s’en aller.
Lorsque Paul Biya recevra les honneurs de la garde présidentielle à l’entrée du palais de l’unité, Franck Biya ne sera pas loin de là. On le verra plus tard lorsque son père recevra ses attributs au palais de l’unité. De plus en plus, et ce, subtilement et silencieusement, il occupe l’espace. Et on a bien observé que les rapports entre Chantal Biya et lui, ont été pacifiés. Justement, le 06 novembre dernier, on a vu les deux échanger avec beaucoup de gaieté. L’information claire et nette. On était alors loin de l’image du 07 octobre 2018, lorsque dans le bureau de vote où Paul Biya devait glisser son bulletin dans l’urne à l’école publique de Bastos, la première dame a froidement toisé Franck Biya. Et justement, ce jour-là, le fils de Jeanne Irène Biya était dans les parages. Ce fut déjà le cas lorsque son père est allé lancer sa campagne Maroua.
Dans ses attitudes, on note aussi plus qu’auparavant où il n’était pas souvent trop mis en avant, une certaine décrispation, une aisance. Il est plus souriant, plus détendu, plus jovial. En tout cas, cette poussée sous les feux de la rampe fait penser qu’on le préparerait déjà. Paul Biya voudrait-il s’inspirer de ses voisins gabonais et équatoguinéens où les fils de président ont soit pris le pouvoir ou alors, sont en passe de le faire ?
Même au sein du sérail, cette mise en orbite de Franck Biya ne passe pas inaperçue. Certains sont sceptiques dont des cadors, estimant que si le président avait voulu préparer son fils aux hautes charges, il y a longtemps qu’il l’aurait tout au moins inséré de manière officielle ne serait-ce que dans la machine gouvernementale.
D’autres estiment que cela aurait du mal à passer, le Cameroun n’étant ni le Gabon ni la Guinée Équatoriale, encore moins le Togo. Seulement, Franck Biya est pour Paul Biya une garantie absolue pour la protection des proches si jamais il décidait de passer la main. De plus, Paul Biya ayant encore tous les leviers en main, s’il voulait imposer son fils, malgré les réticences, cela pourrait passer. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce débat agite la scène politique camerounaise. Sauf que, cette fois-ci, au regard de ce qu’on observe, les choses semblent se préciser.
Voilà pourquoi nous avons posé les questions suivantes à nos experts : Que vous inspire ces derniers temps, cette mise en orbite de Franck Biya ?D’aucuns estiment qu’il est tard pour Paul Biya de penser à son fils pour prendre la relève, arguant qu’il aurait dû le faire plus tôt en montrant des signes, comme cela a été le cas au Gabon ou en Guinée Équatoriale. Mais si Paul Biya voulait imposer son fils, qui l’en empêcherait ?
Les Camerounais peuvent-ils lui ouvrir les bras au cas où Paul Biya songerait à Franck pour le remplacer ? Au sein du sérail, Franck Biya peut-il faire l’unanimité ?
Source: camer.be