Commencé le 7 novembre, juste au lendemain de la prestation de serment du président de la République réélu à la suite du scrutin du 7 octobre, un curieux mouvement de déménagement s’est accéléré, à Yaoundé, dans différents cabinets ministériels rapporte Info Matin.
À la faveur du week-end par exemple, des allers-retours de cylindrées, sous la supervision des chefs de départements eux-mêmes (ou de leurs chefs de secrétariats particuliers pour ceux des ministres en mission hors du pays), ont été constatés par des curieux et confirmés par des vigiles en faction, interrogés par votre journal. Ainsi, des cartons bourrés de documents, dans la plus grande discrétion, prennent le chemin des résidences non pas de fonction, mais privées desdits membres du gouvernement. «Le mouvement est quasi-général, et concerne également des directeurs de service», souffle, sous le sceau de l’anonymat, un agent de nettoyage en service à l’immeuble ministériel n°2 qui abrite les Forêts et la Faune, l’Enseignement supérieur, le Cadastre et les Affaires foncières. Et de préciser que les travaux de manutention et de transport desdits effets personnels se font «généralement sous le contrôle étroit des propriétaires», qui pour l’occasion préfèrent s’entourer de proches.
«Chez nous, tous les grands chefs ont mis leurs effets en lieu sûr, confie une assistante de direction qui revendique plus de 15 ans de service dans un cabinet ministériel. Les photos d’eux, des conjoints ou conjointes, des enfants et autres membres de la famille ont été enlevées. Ils ne gardent désormais que le strict minimum et, surtout, l’effigie du chef de l’État qui trône sur un mur au-dessus de leur tête». Intervenant, tel que nous le disions
plus haut, au lendemain de l’inauguration du septennat du chef de l’État, reconduit au terme du scrutin du 7 octobre, ce remue-ménage semble annonciateur des nouvelles pas assez agréables, pour certains membres du gouvernement, directeurs de l’administration centrale et autres proches collaborateurs. Ici et là, l’on prête en effet à Paul Biya l’intention de procéder, pas à un tremblement de terre, mais à un séisme au sein de l’exécutif.
La psychose du remaniement ministériel se fait d’autant plus tenace que plusieurs ministres et hauts commis de l’État se sentent plus que jamais sur le départ. Des limogeages, ou des mutations, qui pourraient eux-mêmes avoir un rapport direct avec les médiocres scores enregistrés lors de la présidentielle 2018 dans leurs fiefs, notamment dans leurs arrondissements d’origines, où l’impopularité de certaines élites a été avérée avec acuité. À quoi s’ajoutent l’incompétence et l’inertie dans le traitement des dossiers importants liés au développement du Cameroun.
Entre-temps, se sont également accumulés au Tribunal criminel spécial (Tcs), des affaires qui accablent des gestionnaires de crédits, qu’il convient (logiquement) de libérer de leurs charges pour les mettre à la disposition de la justice. En ce début du septennat des «grandes opportunités», et en cette veille de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football messieurs, en cette veille aussi et surtout de la tenue d’autres échéances politiques, particulièrement les législatives et les municipales, le président Biya a certainement à cœur de redistribuer les cartes, et de constituer une équipe de mission en cohérence avec la nouvelle donne.
Avec cameroun24