De nombreux facteurs grippent la machine de l’approvisionnement, multipliant ou amplifiant les pénuries.
Les difficultés connues dès 2015 par le principal marqueteur du secteur, la SCTM (près de 40% des parts de marché à l’époque), ont entraîné une véritable crise de la distribution, là où jusque-là le manque de disponibilité du produit n’était que le fait de pénuries ponctuelles. En effet, le manque de bouteilles SCTM a de fait causé une chute brutale de l’offre, alors que la demande, elle, est en perpétuelle augmentation. Une situation renforcée par la non- interchangeabilité des contenants, réintroduite au début des années 2000 à cause de la concurrence déloyale de certaines marques qui en profitaient pour cacher les bouteilles des sociétés rivales. « La fabrication des bouteilles est un vrai problème. Et cet enjeu de l’emballage est au centre même de l’enjeu de la distribution. On peut produire autant de gaz qu’on veut. S’il n’y a pas assez de bouteilles, on ne pourra pas l’acheminer », explique Housseini Talo, lui-même distributeur dans le dépôt du grand marché de Garoua. La non- interchangeabilité n’est en effet elle-même qu’un arbre qui cache une autre réalité. Celle du déficit global en bouteilles de gaz. La production de fer locale est insuffisante, la plupart des marqueteurs font fabriquer leurs contenants à l’étranger, et du fait des coûts induits, fonctionnent avec des stocks limités. A tel point que, comme nous avons pu l’observer dans certaines stations-services, plusieurs marques refusent désormais de consigner leurs bouteilles.
Un autre problème, concerne le transport du gaz domestique. Avec quatre centres emplisseurs à l’échelle nationale, plusieurs grandes villes restent tributaires d’un système de transport aléatoire pour être approvisionnées en gaz. C’est ainsi que malgré un centre emplisseur à Maroua, une ville comme Garoua est parfois obligée d’attendre du gaz en provenance de Douala pendant plusieurs jours. Chaque marque disposant de son circuit propre, pas toujours bien organisé, et s’appuyant plus sur de petits détaillants vite à cours de produits que sur des dépôts pouvant garantir une disponibilité plus longue du produit. Car il faut bien le relever, une majorité de revendeurs ont une surface financière limitée, ne permettant pas de gérer des commandes de masse. Les quelques bouteilles disponibles sont vite écoulées, et le temps d’en commander de nouvelles interrompt l’approvisionnement des ménages. Et quand ce n’est pas la surface financière qui fait problème, ce sont des pratiques véreuses comme le siphonage des bouteilles où la dissimulation des bouteilles pour pouvoir surfacturer le moment opportun qui viennent encore plomber davantage un système de distribution déjà bien à mal.
Source : © Cameroon Tribune