Mélodramatique et irrévérencieux en diable, le Directeur Général de l’organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun a pris la parole cet après-midi pour défendre l’indéfendable et démontrer au monde combien il était inféodé au régime du président sortant et était déterminé à œuvrer à sa réélection par tous les moyens.
Invoquant très gauchement la loi électorale Eric Essousse a justifié toutes les incongruités décelées dans le processus électoral et appelé le Conseil Constitutionnel à ne pas tenir compte fautes commises par son organe avant et après l’élection, car pour lui, le juge électoral qu’est le Conseil Constitutionnel ne peut tabler que sur les opérations qui ont eu lieu le jour du scrutin, étant entendu qu’il n’est juge que de la régularité de l’élection, et non de la campagne électorale ou du recensement des votes.
Quid des espaces accaparés par le seul candidat du parti au pouvoir, quid de la liste des bureaux de vote et des listes des électeurs que Elecam a gardé pour lui seul laissant les acteurs politiques en lice dans leur ignorance, quid des limites de la biométrie des frais de financement de la campagne électorale versé à quelques jours seulement de la fin de la campagne que deux candidats (Maurice Kamto et Akere Muna) ont d’ailleurs refusé de prendre pour ne pas cautionner la mascarade ? Et même, quid des mandataires des candidats de l’opposition chassés des bureaux de vote en particulier dans les fiefs tribaux du candidat sortant Paul Biya ? Quid des bulletins de Maurice Kamto épuisés dans les bureaux de vote à peine le vote commencé alors que tous les électeurs ont l’obligation de prendre le bulletin de tous les candidats avant de se rendre dans les isoloirs ? Monsieur Essousse demande tout simplement qu’on en fasse abstraction, et le Conseil Constitutionnel doit simplement se contenter d’arbitrer l’élection qu’il estime avoir été si exemplaire qu’il s’attendait à des félicitations des candidats de l’opposition.
L’aveu !
Au reproche relatif au fait que des résultats de 100% en faveur du candidat Biya ait pu être produits malgré les contestations des représentants (scrutateurs) des candidats de l’opposition dans les bureaux de vote qui ne pouvaient d’autant plus s’y reconnaitre qu’ils savaient bel et bien pour qui ils avaient voté, monsieur Essousse répond par une fumeuse pirouette hypothéticodéductive : les scrutateurs des candidats de l’opposition auraient vendu leurs votes, qui à 10.000 francs, qui à 20.000 francs, au candidat Paul Biya, après avoir été contactés par des agents de celui-ci. Un véritable aveu en somme de la manière dont les élections se déroulent au Cameroun, au nez et à la barbe de leur organisateur. Qui semble la valider !!!
Mais non content de toutes ces démonstrations à tout le moins théâtrales qui a suscité à plusieurs reprises des huées de la salle d’audience, le Directeur Général d’Elecam a prenant sans doute mouche du flegme dont avait fait preuve le président du Conseil Constitutionnel durant les plaidoiries du camp Kamto, a fait savoir au président Clément Atangana que c’est son problème s’il avait voté pour Kamto lors de l’élection, mais qu’il devait s’en tenir aux seuls faits qu’il avait exposés quant à lui, et appliquer le droit. S’en suivront d’autres adresses vexantes à l’intention du président du Conseil Constitutionnel que semble-t-il, Elecam, comme les défenseurs du Rdppc, s’attendaient à voir prendre à partie sans manière les candidats de l’opposition pour démontrer sa fidélité au candidat Biya, comme a tenté de le faire mardi l’un des membres du Conseil, le juge Emile Essombe.
A la fin, on avait l’impression que le responsable des élections au Cameroun avait la comprenette si dure qu’il n’avait rien retenu des missions d’un Conseil Constitutionnel que des hommes expérimentés passés maîtres dans l’exercice et l’enseignement du droit, tels que Me Akere Muna, Pr Maurice Kamto, et autres n’avaient pourtant cessé de rappeler pendant leurs interventions qui ont duré plus de 15 heures d’horloge.
A sa suite, l’avocat d’Elecam a abondé dans le même sens, reproduisant les mêmes maladresses et insultes vis-à-vis de la partie adverse dont le chef de file, Maurice Kamto en personne, avait formellement souhaité que les parties adoptent une certaine tenue.
On a ainsi entendu le Conseil d’Elecam s’adresser à la partie adverse en des termes discourtois du genre « arrêtez de prendre les Camerounais pour des fous », avant de se faire recadrer par le président du Conseil Constitutionnel qui lui dira : « Adressez-vous au Conseil ! ».
Et dans la même veine de la maladresse infinie, l’avocat d’Elecam qui prestait au moment où nous mettions en ligne, fera savoir en contredisant catégoriquement son client, le DG d’Elecam, que les bulletins de Me Akere Muna n’avaient pas été retirés des bureaux de vote malgré son désistement pour la simple raison que Elecam ne pouvait pas passer outre la décision du Conseil Constitutionnel qui avait retenu 9 candidats, pour n’en instituer que huit, sans en avoir référé au même Constitutionnel.
Source: cameroonvoice.com