Les arriérés de paiement du secteur public camerounais aux sociétés privées contribuent aux durcissement de l’accès aux crédit bancaires, ont fait savoir plusieurs responsables de banques, dans le cadre d’entretiens avec l’Agence Ecofin.
« Nous avons des contraintes qui nous sont imposées par le régulateur, dans le cadre du financement de l’économie et nous devons respecter certains ratios. Or depuis un certain temps, des entreprises en lesquelles nous avons toute la confiance, accumulent des arriérés de paiement et ne peuvent respecter des délais de remboursement des crédits », a fait savoir un de ces responsables de banque.
Dans son récent rapport sur la mise en œuvre du programme économique d’urgence avec le gouvernement du Cameroun, le Fonds monétaire international a révélé l’ampleur de la dette des entreprises à capitaux publics, dont le montant représentait en 2016, l’équivalent de 17% du Produit Intérieur Brut du pays.
Une partie de cette dette est directement due aux banques et le gouvernement travaille à y mener des actions de restructuration. Mais une autre partie de cette dette est directement due à des petites et moyennes entreprises prestataires de services, qui désormais doivent faire face à des défis de trésorerie et une incapacité à rembourser leurs dettes bancaires.
A la fin 2016, la dette des sociétés à capitaux publics vis-à-vis de leurs fournisseurs représentait près de 2,5% d’un PIB estimé à 24 milliards $, selon des données officielles. « Je peux simplement vous dire que ce sont des montants importants, et comme vous le savez, l’argent que nous prêtons ne nous appartient pas et en plus de cela, la montée des créances douteuses nous contraint de provisionner des parts importantes de nos bénéfices, ce qui du point de vue de l’exploitation, n’est pas optimal », nous a confié un autre banquier.
Sur le marché bancaire, cette situation se traduit par un alourdissement des procédures, pour l’obtention de certains volumes de crédits.
Dans ces conditions, et malgré la forte demande de crédits, le marché du « bon crédit » se rétrécit et les banques font monter les charges d’intérêts sur les prêts qu’elles accordent. Mais certaines banques pensent de plus en plus à trouver des solutions, qui vont de la mobilisation de l’épargne à moyen terme avec une rémunération des dépôts de 1 à 2 points de pourcentage au-dessus de la pratique courante (2,5%), à la proposition de solution de financements structurés et accompagnés tout au long des processus. Mais cette adaptation implique des coûts d’exploitation additionnels pour les banques, et dont la valeur n’est pas encore évaluable.
Ce problème risque de perdurer encore longtemps. Dans son discours de fin d’année, le président Paul Biya a promis un règlement des arriérés dus notamment aux PME. Mais dans leurs déclarations, les responsables du ministère des finances, ont laissé ressortir, qu’un règlement de seulement 200 milliards de FCFA est possible, face à une enveloppe estimée par le secteur privé à 720 milliards de FCFA.