Clément Atangana, Foumane Akam, Erik Essousse et Adoul Karimou. Tous , pourtant en charge de la gestion des élections sont au moins directement liés au parti au pouvoir Quand Jacques Fame Ndongo, le Secrétaire à la communication du Rdpc et chef de la délégation régionale du parti présidentiel dans le Sud, dans de cette note faussement naïve et intitulée “Mise au point “, parle de “coquille”, au sujet du nom pourtant entier de Jean Foumane Akame, Magistrat à la retraite et membre du Conseil Constitutionnel, signataire de leur motion de soutien au candidat statutaire du Rdpc à la présidence de la République, c’est à en rire s’il ne s‘agissait d’un cas répété de confusion entretenu entre les fonctions arbitrales et partisanes.
Cette affaire qui survient moins de 3 mois après la mise en place de cet organe constitutionnel longtemps attendu, où malgré les gorges chaudes provoquées par la nomination en son sein, et en plus comme président de l’autre magistrat à la retraite, Clément Atangana, dont l’épouse est militante et élu du parti au pouvoir, n’est qu’à peine digérée par les observateurs un tant soit peux exigeant quant à la neutralité voire l’indépendance des organes d’arbitrage du jeu socio-politique et institutionnel camerounais. Elle vient surtout montrer où peut mener une pratique politico-institutionnelle d’enregimentement de la haute administration au service d’un homme ou camp politique en plein pluralisme social et politique.
Ou l’on constate, effaré que le système gouvernant camerounais, 28 ans après l’abolition du monopartisme, reste tellement habitué aux pratiques impunies du parti unique qu’on ne prend même pas les précautions minimales pour éviter aux institutions arbitrales le soupçon déjà si
prégnant de succursale du parti au pouvoir. Cette excuse d’une coquille qui aurait provoqué l’inscription du nom d’un membre du Conseil Constitutionnel sur la liste des signatures d’une motion de soutien au président d’un parti, candidat putatif à l’élection présidentielle prévue aux 3ème ou 4ème trimestre de cette année 2018 est – et va être – bien difficile à admettre par les observateurs avisés des principes gouvernants de tels institutions.
Normalement, au lieu de chercher à sauver à tout prix le soldat Jean Foumane Akame, en disant qu’il s’agissait plutôt de son épouse – ce qui n’est pas moins questionnable en terme de neutralité et d’indépendance de ce membre du collège des sages – il eut peut-être fallu laisser couler pour moins embarrasser l’institution régulatrice du jeu politique et institutionnel qu’est désormais le Conseil Constitutionnel.
Hélas, le système gouvernant veut prendre les Camerounais et les observateurs pour des demeurés. Il y a en effet lieu de se demander ce qu’aurait fait Jacques Fame Ndongo et Cie si notre excellent confrère “L’Oeil du Sahel” n’avait pas fait montre d’autant de vigilance en consultant minutieusement la longue liste des signataires de cette motion de soutien de l’élite organique Rdpc du Sud pour y déceler et relever la présence d’un membre du Conseil Constitutionnel. En rappel, outre l’examen de la constitutionnalité des lois, le constat de la vacance à la présidence de la République et le règlement des conflits de compétences entre les régions d’une part et d’autre part entre les régions et l’Etat, cet organe constitutionnel est chargé du contentieux pré et post électoral des élections nationales que sont les sénatoriales, les législatives, la présidentielle et les consultations référendaires.
En cette année électorale pleine, qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Jean Foumane Akame fait au moins désordre. Cette affaire, faut-il le rappeler, survient en plus de celle de M. Erik Essousse, l’ancien directeur général adjoint de Elecam, l’organe en charge de l’organisation des élections, fraîchement promu Directeur général du même organisme par le président de la République Paul Biya. Le Messager de ce mardi 29 juin en kiosque a révélé que l’ancien adjoint de Abdoulaye Babale est vice président d’une section Rdpc dans le Nkam, dans la région du Littoral. Pareillement, Abdoul Karimou, nommé par M. Biya pour seconder Erik Essousse, est lui aussi un militant encarté au Rdpc. Ca fait beaucoup et désordre en quelques jours au cours d’une année électorale pas des plus tranquille.
Certes certains diront qu’aucune disposition réglementaire ou législative ne fait obligation à l’autorité de nomination de désigner des personnes neutres. Quand même ! Mais l’élégance politico-institutionnelle en plus, dans un système de démocratie constitutionnelle ayant adopté le pluralisme comme modalité d’exercice de la participation populaire à la dévolution du pouvoir de l’Etat, exige qu’il en soit ainsi, au moins pour renforcer l’adhésion de l’opinion aux institutions en général, et aux institutions électorales en particulier.