En baisse de 17,26% par rapport à la précédente, la production commercialisée durant la campagne 2016-2017 s’établit à 20 270 tonnes. Selon le Conseil professionnel du cacao et du café (CICC), elle pâtit notamment de l’absence d’investissements et d’un système de commercialisation qui décourage le producteur.
Le jugement du Conseil professionnel du cacao et du café (CICC) du Cameroun est sans appel. « Après tant de littératures et de déclamations empreintes de victimisation et de fatalisme, nous voici rattrapés par les faits : la crise, bouc émissaire de nos impérities, est passée depuis des années. Depuis deux campagnes, les cours internationaux sont même plutôt incitatifs. Mais nous en sommes toujours à conjecturer sur la relance », martèle l’interprofession dans le communiqué qui dresse le bilan de la campagne caféière 2016 – 2017.
La production commercialisée (robusta et arabica) se situe à 20 270 tonnes, en baisse de 4 230 tonnes (-17,26 %) par rapport à la saison 2015 – 2016. À cette allure, les objectifs de 125 000 tonnes de café robusta et de 35 000 tonnes de café arabica à l’horizon 2020, arrêtés en il y a quatre ans dans le plan de relance de la filière du 21eproducteur mondial, relèvent de l’illusion, estime l’organisation présidée par Apollinaire Ngwe.
L’interprofession pointe une absence de volonté politique
Une contre-performance que le CICC met en creux sur le compte d’une absence de volonté politique. « Alors au fait, ces trois dernières années, combien de plants de caféiers ont-ils été produits et distribués ? Combien de nouvelles plantations de quelles superficies ont-elles été créées ? Combien de nouvelles personnes avons-nous enrôlées dans la caféiculture ? Quelles quantités d’intrants avons-nous distribuées à combien de planteurs ? Nous nous abstenons volontiers de demander combien avons-nous dépensé depuis deux ou trois ans pour le café ? À dessein, nous avons bien dit « dépensé » et non pas « investi » », s’interroge encore l’interprofession.
Le CICC fustige aussi le système de commercialisation instauré au moment de la libéralisation de la filière. Concrètement, le café ne peut être vendu que décortiqué. Ce qui oblige les caféiculteurs à transporter leur production dans une usine de décorticage.
Un dispositif qui les met à la merci des usiniers, intermédiaires incontournables pour l’accès au marché. Une situation précaire accentuée par le faible regroupement des producteurs en coopératives chargées de défendre leurs intérêts.
En outre, l’absence ou la faible présence des usines dans des bassins à fort potentiel renchérit les coûts logistiques. Le CICC suggère donc au gouvernement de revoir la réglementation en la matière.
L’exemple de la Côte d’Ivoire
Le salut viendrait de la mise en œuvre des résultats de la recherche. « Voilà quelques temps déjà, qu’il a été diagnostiqué que le salut de notre caféiculture viendrait de l’appropriation par nos chercheurs des nouvelles techniques de multiplication des plants que sont le bouturage direct sous tunnel et l’utilisation des graines de robusta. La Côte d’Ivoire, d’où nous viennent ces innovations et qui les a implémentées avec un succès éclatant, a su prendre les mesures idoines, et au bon moment, c’est-à-dire au plus vite, et à la hauteur de l’enjeu », conclut le CICC.
Bien qu’ayant généré 16,4 milliards de F CFA, les exportations dominées par Olam Cameroun s’inscrivent également à la baisse, à 13 879 tonnes, au terme de la campagne. La Russie (27,6 %) et l’Allemagne (25,7 %) sont les destinations privilégiées de l’arabica camerounais, alors que l’Algérie (25,5 %) et le Portugal (22,9 %) constituent les premiers débouchés du robusta.
La transformation locale constitue l’unique point positif, avec une hausse de la torréfaction qui passe de 3 786 tonnes (2015 – 2016) à 5 609 tonnes (2016 – 2017). La nouvelle campagne caféière s’est ouverte le 4 avril dernier.
Avec jeuneafrique