Contrôlant 60 % de la production de fèves de cacao au niveau mondial, les deux pays ont conçu une stratégie commune de mise en marché afin d’influencer les cours internationaux. Les deux économies vont également rapprocher leur politique de soutien au secteur avec la mise en place d’un prix plancher unique pour les cultivateurs dès septembre 2018
La Côte d’Ivoire et le Ghana sont parvenus à un accord de principe le 13 juin à Abidjan, après 48 heures de négociations pour élaborer une stratégie commune de mise en marché des fèves de cacao. Ces deux pays contrôlent 60% de l’offre mondiale, avec 2,9 millions de tonnes produites en 2018 pour une production mondiale de 4,5 millions.
Démarrage en septembre 2018
La stratégie en préparation couvre la production, la commercialisation, la transformation et la consommation, des domaines qui constituent le cœur de l’économie cacaoyère. La mise en œuvre de ce plan est prévue pour la campagne 2018-2019, qui commence en septembre 2018. Elle débutera dans les deux pays en même temps, avec l’annonce d’un prix plancher commun aux cultivateurs.
Les deux pays qui ont un système de commercialisation différent s’attelleront à les rapprocher. Si les deux pays vendent leurs récoltes aux exportateurs par anticipation, la Côte d’Ivoire a un système de mise en marché quotidien, tandis que le Ghana cède sa production seulement à certaines dates, quand il le souhaite.
« Nous souhaitons harmoniser nos deux systèmes de commercialisation. Nous prévoyons d’étudier et d’échanger sur nos programmes de vente. Des ghanéens viendront en Côte d’Ivoire pour étudier leur système et nous inviterons les ivoiriens au Ghana, nous verrons comment avoir un système commun », a expliqué Joseph Boahen Aidoo, le directeur général du Cocobod, l’autorité ghanéenne de régulation du secteur.
Mieux rétribuer les paysans
L’économie cacaoyère mondiale génère 100 milliards de dollars par an, mais les paysans n’engrangent que 2% de cette manne. L’objectif de la Côte d’Ivoire et du Ghana est de créer un cartel de producteur pour influencer les prix du cacao, en se mettant d’accord sur les volumes vendus.
AU DÉPART, C’ÉTAIT DIFFICILE, NOUS N’ARRIVIONS PAS À NOUS PARLER ET À AVANCER
Un nouveau rendez-vous est pris en août, à la veille de la campagne de commercialisation, afin de finaliser la nouvelle stratégie. Une charte commune est également en élaboration entre les deux pays pour encadrer cette nouvelle coopération.
« Au départ, c’était difficile, nous n’arrivions pas à nous parler et à avancer. L’implication des deux chefs d’État Alassane Ouattara et Nana Ado-Akuffo a fait prospérer les négociations au point de s’acheminer vers un accord », a confié à Jeune Afrique Yves Brahima Koné, le directeur général du Conseil Café Cacao (CCC) de la Côte d’Ivoire.
Dans le domaine de la production, les deux pays tenteront de définir des politiques claires de lutte contre la déforestation et enclencheront à la mi-juin-juillet, un programme de lutte contre le swollen shoot, la maladie du cacao. Le Ghana a prévu arracher plus de 400 000 hectares de plants de cacao affectés tandis la Côte d’Ivoire en prévoit 100 000 hectares.
Parmi les autres éléments de cette stratégie, les multinationales du cacao qui développement des programmes d’augmentation de production avec les coopératives de paysans doivent désormais, être en adéquation avec les politiques nationales.
La transformation et la consommation, le maillon faible des deux pays, pourront être redynamisées avec des campagnes de promotionvers les pays émergents tels que l’Inde et la Chine. Enfin, une plateforme commune dans ce domaine devrait voir le jour et aura pour but d’inciter le secteur privé africain à investir dans la transformation locale.
Avec jeuneafrique