La Côte d’Ivoire et les Etats-Unis se sont mis d’accord ce vendredi 16 février pour évaluer ”les pires formes de travail des enfants” dans les champs de cacao. Le but de l’enquête selon le Comité national des actions de lutte contre le travail des enfants est de mesurer l’incidence du phénomène dans les zones de production cacaoyère.
La Côte d’Ivoire vient de signer un accord de partenariat avec les Etats-Unis pour, dit-on de source officielle, enquêter sur les ”pires formes de travail des enfants” dans les zones de production cacaoyère. Signé entre le Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants en Côte d’Ivoire (CNS) et l’Institut de recherche NORC de l’Université de Chicago (USA), cet accord qui s’étend de 2018 à 2019, permettra d’établir l’incidence du travail des enfants dans les zones de productions cacaoyères. « La signature de cet accord aujourd’hui réaffirme notre engagement à travailler ensemble et à faire le nécessaire pour veiller à ce que les enfants ne soient pas exploités ni mis en danger dans la production du cacao », a déclaré David G. Mosby, premier secrétaire de l’ambassade des États-Unis à Abidjan lors de la cérémonie de signature de l’accord. Pour lui, cette coopération entre la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis permettra de procéder à une ”étude techniquement valable, juste et objective” en matière de travail des enfants dans la cacao-culture. Une idée qu’approuvent les autorités ivoiriennes qui estiment que les résultats issus de cette enquête leur permettront de mieux orienter les campagnes de sensibilisation en direction des couches touchées par le travail des enfants.
Pour la présidente du CNS, la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, l’enquête pourrait permettre de faire un état des lieux de la lutte engagée par son pays contre ce mal. « Cet accord de coopération permettra d’impliquer nos experts nationaux dans cette enquête, tout en respectant les normes internationales en vigueur ; elle permettra également d’évaluer tous les efforts réalisés dans notre pays pour éliminer le travail des enfants », a-t-elle confié.
Notons que ce projet d’enquête concerne la Côte d’Ivoire et le Ghana et est soutenu par le département du Travail des Etats-Unis d’Amérique (USDOL) pour la lutte contre le travail des enfants. D’après les termes du partenariat, les parties prenantes travailleront conjointement sur tous les aspects de la méthodologie de l’enquête, et apporteront leur expertise commune à chacune des étapes de la recherche.
Une suite logique des actions déjà entreprises
Cet accord signé entre Abidjan et Washington n’est que la suite logique des actions déjà en cours. Avec son voisin producteur de cacao, le Ghana, et avec le soutien des Etats-Unis, le pays avait déjà pris des dispositions légales et réglementaires pour combattre et réprimer avec plus d’efficacité, la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Le 13 septembre 2016, une déclaration conjointe d’engagement de la Côte d’Ivoire et du Ghana en matière de lutte contre ce fléau a été signée pour renforcer la lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants dans tous les secteurs d’activités ou sociaux, notamment l’agriculture, les mines, le commerce, la pêche, l’artisanat, le travail domestique et la mendicité.
« Les gouvernements de la Côte d’Ivoire et du Ghana, l’USDOL, le Sénateur américain Tom Harkin, le Congressman Eliot Engel et l’Industrie internationale du cacao et du chocolat, ont signé une déclaration d’action commune pour soutenir la mise en œuvre du Protocole Harkin-Engel. Cette déclaration a été assortie d’un plan d’action pour réduire les pires formes de travail des enfants dans le secteur du cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana à l’échéance 2020 », a appuyé la première dame ivoirienne.
Rappelons que si le travail des enfants reste interdit en Côte d’Ivoire comme partout ailleurs, sur recommandation du Bureau international du travail (BIT), la loi autorise les enfants dont l’âge varie entre 13 et 16 ans, à effectuer des travaux légers dit socialisants. Selon les données de l’Initiative internationale pour le cacao (ICI), quelques 1,2 million d’enfants ont été engagés dans la cacaoculture en Côte d’Ivoire entre 2013 et 2014.
Avec latribuneafrique