Après la décision ghanéenne de maintenir les 1.725 dollars/tonnes de cacao versés aux cultivateurs, son voisin ivoirien vient d’annoncer pour sa part le rabaissement des prix de près d’un tiers. Une décision qui risque de faire exploser la contrebande entre les deux pays.
Le plus important producteur de cacao au monde, la Côte d’Ivoire, vient d’annoncer la réduction d’un tiers les prix versés aux cultivateurs pour la nouvelle saison. Les agriculteurs recevront dorénavant un prix garanti de 700 francs CFA (1,23 dollars)/kg pour la plus importante des deux récoltes annuelles, qui débutera ce mois-ci.
La présidence à la rescousse
Il y’a un an le régulateur, à savoir le Conseil du Café-Cacao, versait 1.100 francs CFA/kg, un prix qui a été maintenu lors de la dernière récolte. Cette nouvelle tarification est ainsi la plus basse pour la culture du cacao depuis 2012, année où les autorités ivoiriennes ont amorcé une réforme du secteur afin d’obtenir une meilleure rémunération pour les agriculteurs.
Selon le régulateur, la rémunération aurait pu être encore plus faible si la présidence n’avait pas ordonné la suspension des taxes d’enregistrement auxquels sont soumis les exportateurs de cacao de manière à soutenir les prix. Yamoussoukro a par ailleurs annoncé des prévisions favorables pour la fin 2017, tablant sur un regain de la demande mondiale qui pourrait faire grimper les prix.
Moins 40% en 12 mois
Les cours du cacao ont accusé une chute de 40% en 12 mois. Une tendance à la baisse qui ne s’est stabilisée qu’en avril dernier. Cette conjoncture a été aggravée par les récoltes records enregistrées par la Côte d’Ivoire et le Ghana, respectivement numéro un et deux mondiaux. Les approvisionnements mondiaux ont ainsi dépassé la demande de 95.000 tonnes prévus pour la saison 2017-2018.
Les courtiers et broyeurs ont ainsi constitué des stocks suffisants, grâce à la baisse des cours, ce qui pourrait enterrer l’espoir qu’ont les agriculteurs qu’une diminution de la production puisse soutenir les prix. D’ailleurs, le gouvernement ivoirien a tenté de convaincre son voisin ghanéen de s’aligner sur la baisse annoncée.
Une demande qu’Accra a rejeté, allant jusqu’à annoncer le maintien du prix à 1.725 dollars la tonne lors de la nouvelle saison (en contractant un prêt syndiqué de plus d’un milliard de dollars) contre un peu plus de 1.200 dollars/tonne versés du côté ivoirien. Une différence de prix qui risque de faire exploser encore plus la contrebande de fèves de cacao entre la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Avec tribuneafrique