Répondant à une question sur le sujet à l’occasion de son discours à la Nation, le premier ministre Paul Kaba Thieba a fait la genèse de l’implantation de l’usine textile turque à Ouagadougou. Nous vous proposons in extenso son récit.
«Si je vous raconte comment cette histoire a commencé vous ne me croirai pas. Une délégation du Burkina Faso est allée en visite officielle en Ethiopie. Ils ont visité là-bas des industries qui existaient. Ils ont vu que le coton que le coton éthiopien était exploité par des usines turques avec du matériel allemand. Le coton vient, il rentre dans l’usine, il est transformé à haute intensité de main d’œuvre. Il y a beaucoup de femmes qui travaillent dedans, et à la fin du cycle, ils fabriquent des t-shirt, des maillots de corps, des pijaments, qui sont exportés dans les plus grands magasins d’Europe (Décathlon etc…). Mais c’est fait pour l’exportation. Ce sont des produits qui sont faits pour l’exportation et ça rapporte beaucoup de devises. Pour la consommation locale très peu, pour l’exportation. Et ça marche beaucoup en Ethiopie.
Donc c’est normal que nous essayons, nous qui sommes les premiers producteurs de coton en Afrique de voir comment est-ce qu’on peut transformer nous ici une partie de notre coton à travers ce processus là
Ils sont venus chez nous, ils ont dit on va faire une étude. L’étude a montré que le meilleur endroit pour installer l’usine était Ouagadougou.
Pourquoi ?
Parce que comme c’est destiné à l’exportation, il faut que l’aviation soit proche, il faut que l’aéroport soit proche. Si vous allez l’installer ailleurs, vous augmentez les coûts de production. Il faut également que l’énergie à haute tension soit proche.
Je sais pas, je ne suis pas rentré dans le fond du dossier, mais c’est ce que j’ai vu. Donc l’opérateur industriel qui est venu a dit que « ha je peux faire installer mon usine ici. »
Mais ça n’a rien à voir avec les engagements que le gouvernement a pris de créer, de relancer une usine de coton à Koudougou. Ce sont deux projets complètement différents. C’est vrai que lors de la campagne, on s’était engagé à faire quelque chose destinée à Koudougou. Mais ça n’a rien avoir avec ce projet. Ce sont deux projets différents.
Quand la délégation turque est venue dans mon bureau, ils sont sortis, ils ont eu une interview. Et puis les gens ont dit « ah ça y ait, le gouvernement est en train de créer une usine de textile à Ouagadougou alors que l’engagement était de monter cette usine à Koudougou.
Ce sont des étrangers qui viennent pour s’installer ici, et ils ont leur modèle. Est-ce qu’on peut s’insérer dans leur modèle ? Si on veut changer leur modèle de projet, ils vont partir.
Un député fait remarquer que l’Etat est actionnaire
Attention, ils ont proposé au gouvernement d’être actionnaire, mais est ce qu’on a accepté ? Attention attention qui vous a dit ça ?
Moi je suis Premier ministre par la grâce de Dieu, qui vous a dit qu’on a signé. On a rien signé du tout. Rien est signé, rien ; tout ça sont des théories, ce sont des papiers. Rien n’est signé.
Donc les gens se lèvent à Koudougou et ils commencent à manifester, ils vont séquestrer le gouverneur, ils brûlent la ville pour rien.
Ce sont deux projets complètement différents, rien n’empêche ce projet turc, Il peut très bien fonctionner. Mais Ça ne dédouane pas le gouvernement de l’engagement que nous avons pris de construire notre usine de textile à Koudougou.
Mais les gens n’ont rien compris, On a commencé à faire du bruit, à casser la ville…»
Avec radio omega