Elle est aux côtés de Roch Marc Christian Kaboré depuis plus de trente ans. Avec l’élection de son mari à la présidence de la République, Sika Bella Kaboré va bientôt se retrouver propulsée sur le devant de la scène.
Tout le monde l’appelle « Bella », mais d’ici quelques jours, elle aura un nouveau titre, bien plus officiel : celui de Première dame du Faso. Si beaucoup de Burkinabès découvriront son visage lors de la cérémonie d’investiture de son mari, certains de ses compatriotes la connaissent déjà. Car Sika Bella Kaboré, l’épouse de Roch Marc Christian Kaboré, le futur chef de l’État, est une personnalité connue dans le sérail ouagalais.
De son nom de jeune fille Sika Bella Adjoavi, cette Togolaise discrète s’envole à la fin des années 1970 poursuivre ses études en France après une maîtrise en droit à l’université de Lomé. Elle y rencontre le jeune étudiant burkinabè Roch Kaboré, qu’elle épouse en 1982. Rentré au Burkina Faso, ce dernier, pas encore trentenaire, est nommé directeur général de la Banque internationale du Burkina (BIB). Bella, elle, entre à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) à Ouagadougou en tant que chargée d’études juridiques. Ensemble, ils auront trois enfants.
Deux décennies au cœur du régime Compaoré
Durant les années 1990 puis 2000, elle assiste à l’ascension de son époux jusqu’aux sommets du régime de Blaise Compaoré. Roch occupe successivement les postes de ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale ou encore de patron du Congrès pour le progrès et la démocratie (CDP, l’ex-parti au pouvoir).
Pendant ces deux décennies au cœur du régime, Bella se rapproche de Chantal Compaoré, l’épouse de Blaise. Les deux femmes partagent des points communs : elles sont toutes les deux étrangères (la première est togolaise, la seconde ivoirienne) et mariées à de hauts dirigeants burkinabè. À Ouaga, certains affirment qu’elles ont tissé de solides liens d’amitié. Dans l’entourage de Roch, on se montre plus nuancé. « Elles étaient proches à cause des fonctions de leurs maris. Mais peut-on dire qu’elles étaient vraiment amies ? Je n’en suis pas sûr », confie un proche des Kaboré.
Rupture
C’est qu’entre temps, la relation s’est tendue entre leurs deux maris. En janvier 2014, Roch Kaboré, convaincu que Blaise Compaoré fonce dans le mur en voulant modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, claque la porte du régime et fonde son propre parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Selon un baron du CDP, cette rupture avec le clan Compaoré aurait fait des vagues jusqu’à la CCI, où sa patronne Alizéta Ouédraogo (la belle-mère de François Compaoré, le frère cadet influent de Blaise), ne se serait pas montrée tendre avec Bella Kaboré à la suite du départ de Roch. Balayée par l’insurrection populaire d’octobre 2014, la « belle-mère » nationale a fuit le pays. Bella est elle resté à la CCI, où elle est toujours membre du comité de direction.
Engagée dans le milieu associatif
Depuis 2006, la future Première dame du Faso gère aussi l’association Kimi, qui œuvre dans le domaine de la santé préventive au Burkina. L’objectif de Kimi qui signifie parapluie ou plus largement protection, en langue dioula est de prévenir les principales maladies affectant les femmes et les enfants (cancer du sein, du col de l’utérus, drépanocytose…). Pour lever des fonds, l’association organise notamment le tournoi Kimi foot, auquel ont participé ces dernières années les footballeurs camerounais Rigobert Song et Samuel Eto’o, ou encore A’Salfo, le chanteur du groupe ivoirien Magic System.
Sika Bella Kaboré, aujourd’hui grand-mère, est présentée comme une femme active et effacée. Reste à savoir quel rôle elle tiendra dans le nouveau dispositif de gouvernance mis en place par Roch. S’impliquera-t-elle dans les affaires politiques comme d’autres épouses de chefs d’État de la sous-région l’ont fait avant elle ? Réponse dans quelques mois, une fois que son président de mari aura pris ses quartiers à Kosyam.
Source : jeuneafrique.com