Désormais, le général Gilbert Diendéré est informé des charges retenues contre lui dans le dossier du Coup d’Etat de septembre 2015. Ce sont : atteinte à la sûreté de l’Etat, trahison, crime contre l’humanité, actes de terrorisme, complicité de dégradation de biens. C’est au cours de l’audience de confirmation des charges, le vendredi 27 octobre 2017 que cela lui a été notifié. Face à la presse, son avocat, Me Mathieu Somé a annoncé que Gilbert Diendéré a demandé l’inculpation d’une dizaine de chefs militaires.
L’infraction relative à l’association de malfaiteurs a été abandonnée par le parquet militaire, selon l’avocat de Gilbert Diendéré, Me Mathieu Somé.
« Ça veut dire que personne ne s’est réuni avec quelqu’un pour qu’il y ait le 16 septembre (2015). Pendant que le général n’était pas au Conseil des ministres, des gens ont agi de leur propre chef. Il n’y a pas eu de concertation nulle part », conclut l’avocat. Sur cette phase de vie du pays, Mathieu Somé donne sa version :
« Il y a eu une situation qui est arrivée que moi j’appelle la quatrième crise du RSP qui a été mal gérée, parce que tout simplement, les médiateurs n’étaient plus crédibles aux yeux des soldats. Ils étaient déjà allés trois fois, ils n’ont pas respecté les engagements pris. Cela a fait que quand ils sont revenus pour la quatrième fois, les soldats ont estimé qu’ils n’étaient plus crédibles.
Et c’est là qu’ils ont, malencontreusement, posé une question qui n’était pas à mon sens, indiquée : si vous ne voulez pas nous écouter, qu’est-ce que vous comptez faire ? Ils ont dit qu’ils vont s’assumer. Vous voyez comment une situation peut changer assez facilement ? Et dans la nuit, quand ils sont repartis avec la hiérarchie militaire, ils n’ont pas trouvé de solution. Le lendemain 17 (septembre 2015), Mgr (Paul Ouédraogo, NDLR) a dit, « le pays n’est plus gouverné depuis deux jours ». Ils ont demandé à la hiérarchie militaire de prendre ses responsabilités. Ça a été dit : « prenez vos responsabilités. Il n’y a plus de président, il n’y a rien. On ne peut pas laisser le pays comme ça ». Non seulement on demande aux soldats ce qu’ils comptent faire, mais ensuite on demande aux militaires de prendre leurs responsabilités.
Ils se sont concertés et c’est comme cela que les choses se sont passées et comme c’était le RSP qui a commencé, ils ont estimé que celui qui les connaissait le mieux n’a qu’à prendre la tête et ils vont le soutenir. C’est pourquoi le général avait dit qu’il avait le soutien de l’armée. Oui ! Et il avait le soutien de l’armée, je le dis ! Sinon pour sortir l’hélicoptère, il faut que le chef d’état-major signe pour aller chercher le matériel de maintien de l’ordre. Si je suis contre, je ne signe pas. Quand on a amené le matériel, la gendarmerie a signé pour prendre. La police a pris. Voilà la vérité du dossier.
Le général a demandé qu’ils soient tous inculpés. La hiérarchie militaire qui était à la réunion, à commencer par le chef d’Etat-major Zagré (Pingrenoma, NDLR), (…) une dizaine. On a demandé leurs inculpations. (…)
Ce qu’il faut ajouter, c’est que la prise de responsabilité a été le fait de l’armée. Le général (Diendéré) a toujours expliqué mais … beaucoup de gens pensent que le général commande le RSP. Le général n’est pas du RSP. (…) Les crimes contre l’humanité qui ont été évoqués, les soldats ont dit qu’ils sortaient sur les instructions de leurs chefs. Ils ont donné leurs noms. (…) On ne peut pas retenir les noms ».
Me Mathieu Somé, avocat du général Gilbert Diendéré, Burkina 24 le 27 octobre 2017