Commandes publiques, comptes de dépôt, régies d’avance, carburant et lubrifiants,… L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de la lutte contre la corruption (ASCE-LC) a plongé dans le cafouillis des dossiers de gestion de la Présidence, de la Primature et des ministères. Son rapport pour l’année 2016 fait déjà des remous. Il épingle le Palais de Kosyam pour une importante «consommation irrégulière» de carburant. Les détails.
Le chiffre barre La Une de plusieurs journaux du «Pays des hommes intègres». Plus de 98% de détournements du carburant destiné aux administrations sont attribuables à la présidence de la république du Faso, selon le rapport d’audit 2016 de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de la lutte contre la corruption (ASCE-LC).
98% de carburant détourné
Gestion chaotique du carburant, pièces justificatives absentes, incomplètes -sans cachet ou signature pour certaines, le rapport présenté ce mercredi 18 octobre devant la presse est effarant. Sur une consommation de 7,5 milliards de Fcfa en carburant, plus de 250 millions de dépenses irrégulières ont été détectées, dont 98,13% (245,8 millions de Fcfa) imputables à la Présidence.
«Cette situation s’explique par l’absence de textes de répartition et partant de manque de transparence dans la gestion; d’où des risques de détournement», a tenté d’expliquer Luc Marius Ibriga lors de sa conférence de presse.
Sur la période du 29 décembre 2015 au 31 décembre 2016, les équipes de Luc Marius Ibriga, le contrôleur général de l’ASCE-LC, ont épluché les registres comptables de la Présidence, de la Primature et des ministères. De cette pile de documents, les limiers de cette autorité anti-corruption ont produit 26 rapports de vérification compilés dans le rapport présenté à la presse.
La transparence ou rien !
Dans le détail, le rapport Ibriga 2016 fait ressortir d’autres foyers de dépenses irrégulières. Au niveau des régies d’avance, avec 10,7 milliards de Fcfa de dépenses, plus de 403 millions de Fcfa sont, soit des dépenses inéligibles (13,4 millions de Fcfa), soit des dépenses en dépassement des seuils autorisés (146,6 millions de Fcfa).
Au cours de sa conférence, Luc Marius Ibriga a rapporté les difficultés de ses agents à mener leur mission de contrôle : résistance de certaines instances ou encore des pièces justificatives envoyées après audit. Mais ce professeur de droit public à l’Université de Ouaga a été ferme.
«Nous n’allons plus recevoir de pièces justificatives post- contrôle», a martelé le contrôleur général. Dans un pays en transition politique, c’est la transparence ou rien !
Avec latribuneafrique