Le gouvernement burkinabé compte recruter 22 755 fonctionnaires cette année à travers une série de concours qui seront bientôt ouverts. Les secteurs sociaux notamment ceux de l’éducation et de la santé, mais la décision risque d’alourdir davantage sa masse salariale qui inquiète déjà le FMI. Les deux parties sont en discussion pour a conclusion d’un nouvel accord de financement avec à la clé plusieurs milliards de francs CFA attendus par les autorités du pays de l’institution de Bretton Woods.
C’est peut-être une manière pour le gouvernement d’envoyer un nouveau signal aux travailleurs du pays. A la veille de la célébration de la journée intention du travail célébré de par le monde ce 1er mai, le gouvernement a annoncé l’ouverture prochaine d’une série de concours de recrutement pour pourvoir à différents postes dans la fonction publique. Au total, c’est quelques 22.755 agents qui y seront recrutés cette année selon la décision adoptée lors du dernier conseil des ministres. «Dans le total des postes à pourvoir, 81 ,33% des postes sont occupés par des besoins pour l’éducation nationale et la santé», a par la suite expliqué le ministre de la Communication, et porte-parole du gouvernement burkinabé, Rémis Fulgance Dandjinou, à l’issue de la réunion du gouvernement qui s’est tenu sous la présidence du chef de l’Etat Roch Marc Chritstian Kaboré.
Le gouvernement a également passé en revue le bilan du recrutement lancé en 2016 et a décidé d’autoriser l’ouverture des nouveaux concours pour l’année 2017.
L’année dernière, le gouvernement ivoirien avait déjà annoncé le recrutement de 24.000 agents contre un effectif prévisionnel de 20 494 en 2015 soit une progression globale de 17,31%. A l’époque, le ministre en charge de la fonction publique, Clément Sawadogo, avait expliqué que cela « montre la volonté du gouvernement à utiliser tous les leviers en sa possession pour faire reculer le chômage des jeunes ». Un effort que le gouvernement entend visiblement maintenir malgré que l’impact financier que cela va certainement engendrer dans son budget.
Facture de plus en plus salée
La décision des autorités burkinabés est une bonne nouvelle pour les diplômés du pays qui peuvent enfin espérer décrocher un poste. C’est un véritable effort au vu du contexte économique que traverse le pays qui ne s’est pas encore complètement remis de la transition qui a suivi la chute de Blaise Compaoré en fin 2014. L’annonce ne manque certes pas de visées politiques et c’est pour cette raison que certains syndicats du pays accueillent ces recrutements en série avec beaucoup de circonspection. Les détracteurs du régime dénoncent des procédures qui privilégient « des procédures de sélection partisanes pour récompenser des militants ».
C’est surtout auprès du FMI que le FMI devrait avoir du mal à s’expliquer. Le fonds, un des principaux partenaires financiers du pays, a déjà alerté sur le poids de plus en plus alarmant de la masse salariale dans le budget de l’Etat. Dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) que le Burkina a bénéficier auprès du FMI, les autorités ont d’ailleurs pris des engagements fermes pour réduire la facture. C’est du reste l’un des critères que le pays n’a pu remplir l’année dernière alors que le programme du FMI actuellement en cours s’achève en septembre prochain. Une mission du Fonds vient d’ailleurs de séjourner dans le pays où elle a discuté des modalités pour le renouvellement d’une nouvelle facilité en septembre prochain. Le gouvernement a déjà donné son aval mais l’aval du FMI risque d’être conditionné par « un contrôle strict de la masse salariale afin de la rendre proportionnelle aux recettes fiscales » comme l’a recommandé l’institution en 2016.
« Notre masse salariale par rapport aux recettes fiscales sont très élevés » a d’ailleurs reconnu, il y a quelques temps, le premier ministre burkinabé Paul Thiéba Kaba qui a annoncé que des mesures seront prises pour contenir les augmentations de la masse salariale, « malgré les engagements pris par l’ancien régime ». Des engagements que les autorités peinent visiblement à respecter en vue de faire face à la montée des tensions sociales.
Avec latribune