Le mardi 6 décembre 2016, des conseillers municipaux ont, par un vote de défiance, démis de ses fonctions, Mahamadi Zongo, le maire de l’arrondissement n°8 de la ville de Ouagadougou. Cet acte a entrainé une vague de violences orchestrées, selon certains conseillers et des sources sécuritaires, par des partisans de l’édile déchu. Des raisons qui ont amené à cette déchéance, il a été dit que le maire « travaille seul ». Mais qu’est-ce que cette motion dit exactement ?
« Le conseil a remarqué que dans ses actions, le maire travaille seul. Il prend les décisions seul, et il n’informe pas. C’est ce que je peux dire. Ce qui est à l’intérieur, je ne peux pas décortiquer », informait Seydou Ouédraogo, premier adjoint au maire sans donner plus de détails.
On en sait un peu plus cependant quant au contenu de la motion de défiance qui, après succès, a entrainé cette furie à l’arrondissement 8. Le document a été déposé à la mairie le 29 novembre 2016.
Dans l’esprit, les 9 conseillers municipaux qui l’on signé ont fustigé « quelques cas patents des mauvais comportements de Monsieur le maire ». Le premier cas est relatif à la signature, dans le mois de novembre 2016, d’actes relatifs à des travaux de viabilisation de terrains pour une société immobilière sans informer le conseil municipal.
Sur cette affaire, il s’agit de 100 hectares de terres attribués à ladite société qui a acquis son agrément en avril 2016 alors que la session des terres date d’avant. Chose impossible à faire, selon une source proche de la mairie contactée par Burkina 24. Lorsque l’affaire a été sue des conseillers, le maire, Mahamadi Zongo a affirmé ne pas être au courant d’une telle viabilisation. « Chose bizarre, des bornes ne peuvent pas se placer sur son territoire sans qu’il ne soit au courant », note la source.
Un autre grief fait au maire Mahamadi Zongo, c’est l’opacité dans le projet de déménagement de la mairie de son site actuel de Boulmiougou pour un autre site situé au secteur 35 de l’arrondissement. « Nous l’avons appris par des personnes extérieures au conseil et qui ne sont pas non plus membres de l’équipe technique de la mairie. Le nouveau site a été choisi par un proche d’un opérateur économique et c’est cette même personne qui mène les démarches pour le bail et tous les contrats y afférant à l’insu du conseil parce que c’est l’opérateur économique en question qui devrait régler le bail » », peut-on lire dans la motion de défiance.
Les conseillers municipaux disent avoir approché le maire non pas pour marquer leur désapprobation au déménagement, mais au fait que le bail soit payé par un « individu quelconque ». Malheureusement, indiquent les conseillers, « jusqu’à présent, nous n’avons pas échos de démarches entreprises auprès des structures administratives (…). Nous n’accepterons jamais de quitter un bâtiment administratif pour contracter un bail de plus de 600 000 F CFA mensuel à la charge d’un individu ».
Et aux conseillers de faire la corrélation avec les travaux de viabilisation : « N’est-ce pas ce qui explique en sus des intérêts particuliers, le fait que Monsieur Zongo Mahamadi ait signé aussi rapidement et sans l’avis du conseil, des actes relatifs à des travaux de viabilisation de terrains pour une société immobilière ? ».
En sus de ces récriminations citées plus haut, à la date du 29 novembre 2016, jour de dépôt de la motion de défiance, le conseil municipal dit n’avoir pas été informé du recrutement dans le cadre du programme HIMO en novembre 2016. Selon les termes de la motion, les conseillers ont été joints par le vice maire sur instruction du maire leur demandant « d’envoyer le nom d’un protégé qui serait recruté directement sans passer par le processus établi », le tirage au sort.
La majorité des conseillers a refusé cette manière de faire. Selon des membres de l’équipe technique, sur 90 places disponibles, 60 places ont été octroyées. « Où sont passées les 30 autres places restantes », s’interrogent les Conseillers.
Une autre récrimination liée à des affaires de parcelles a été faite par les conseillers. Il s’agit du dossier des parcelles des logements sociaux situés à Kuilig-rouré, village situé à cheval sur 4 communes et arrondissements (Tanghin-Dassouri, Pabré, Sourgoubila et l’arrondissement n°8 de Ouagadougou), transféré par le ministère afin qu’elles soient attribuées aux propriétaires terriens et aux résidents de la zone. Dans ce dossier, les conseillers déclarent que « ni les conseillers municipaux, encore moins l’équipe technique chargée de l’habitat et de l’urbanisme, pas plus que les habitants de la zone concernée n’entendent mot ».
C’est ainsi que les chefs de terre, en date du 26 novembre 2016, ont invité les conseillers pour leur signifier leur mécontentement « face à la gestion inadmissible de leurs parcelles par le maire qui réclame une part très importante avant toute opération de distribution ». Selon les conseillers, les chefs de terres ont « averti qu’ils rendront la zone inhabitable par des moyens mystiques si à la date du vendredi 2 décembre le problème n’est pas résolu ».
Sur ces réprimandes, les conseillers sont formels : « s’il (le maire, ndlr) veut discuter du reproche qui lui est fait de la non consultation du conseil, nous lui demanderons simplement de faire sortir tous les PV (procès-verbaux, ndlr) de réunions et de sessions. Vous ne trouverez nulle part, la mention de ces faits ; preuve que le conseil municipal n’en est pas informé », lit-on dans l’argumentaire de la motion de défiance.
En somme, notent les conseillers, en 5 mois de gestion, le conseil d’arrondissement n’a tenu que trois (03) sessions et aucun PV desdites sessions n’a été transmis aux Commissions permanentes, ni à l’autorité de tutelle. A en croire les conseillers municipaux, il n’y a aucun intérimaire choisi lors des absences du maire Mahamadi Zongo. « Il gère sa mairie à distance avec ses rares privilégiés de l’équipe technique ».
Sont-là, les reproches de la dizaine de conseillers municipaux qui ont déposé la motion de défiance contre le maire de l’arrondissement n°8 de Ouagadougou. Le vote allant à la défaveur du maire, des biens appartenant à des conseillers de différents partis politiques sont partis en fumée dans la journée du mardi 6 décembre 2016.