La méthode Bakayoko Ly-Ramata qui dérange
Ni trop politique, ni complexée face aux situations auxquelles elle est confrontée, conciliante, le ton de pédagogue avec une bonne capacité d’écoute la ministre de l’enseignement supérieur Bakayoko Ly-Ramata imprime, à pas sûrs, sa marque sur la gestion de son département, le délicat ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Si l’on a misé dès la sortie de crise sur la beauté extérieure des infrastructures, le professeur Bakayoko Ly-Ramata s’attèle, elle, à consolider l’existant tout en axant sa stratégie sur la qualité de l’enseignement qui amènerait notre pays à avoir des ressources humaines de qualité. C’est une exigence de la vision de l’émergence. Aussi depuis son arrivée à la tête de ce département, écoute-t-elle et consulte-t-elle tout azimut. « C’est une dame calme, un produit de l’enseignement supérieur qui a une haute idée de sa fonction actuelle. Elle n’est pas dans les combines », décrit un universitaire qui connaît bien la ministre.
Les chantiers sont innombrables car comme tous les secteurs stratégiques du pays, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique ont été durablement affectés par la période de crise en Côte d’Ivoire. Il faut bien commencer quelque part. Aussi a-t-elle commencé par assainir les rapports entre les acteurs de l’enseignement supérieur de même qu’elle mène avec détermination la réforme du Bts, un diplôme maintes fois décrié à cause de ses faiblesses organisationnelles.
Des rapports avec les syndicats
Dans son approche managériale, la ministre de l’enseignement supérieur évite autant que faire se peut les rapports conflictuels et tendus avec les syndicats (enseignants, étudiants, personnel administratif et technique). A preuve, la récente grève des enseignants de la Cnec qui a été de courte durée, parce que les problèmes posés ont trouvé rapidement solution. La puissante Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) est désormais non pas soumise mais conciliante. Même si tous les problèmes sont loin d’être réglés, Assi Fulgence et ses camarades n’alignent plus grèves sur grèves. C’est que, depuis, à la stratégie de ‘’broyer et casser’’ de la Fesci, a succédé une approche qui consiste à être attentif aux différentes préoccupations, à régler celles qui peuvent l’être immédiatement et à planifier les réponses pour les autres. ‘’Ce sont nos enfants, nous devons les écouter et nous rendre disponibles pour eux tant qu’ils posent des revendications académiques et sociales objectives’’, conseille-t-elle souvent à ses visiteurs au sujet du principal syndicat estudiantin. C’est avec la même disponibilité que sont abordées les revendications de la Cnec, le syndicat des enseignants dont les revendications financières sont prises en compte en fonction des moyens disponibles.
La réforme du Bts
Pour une certaine opinion, jusqu’à une période récente, le diplôme du Bts était devenu une marchandise sur le marché et il n’y avait plus d’effort à fournir pour l’obtenir. Il fallait y mettre fin. Selon nos informations en provenance du ministère de l’enseignement supérieur, plusieurs mesures sont prises pour crédibiliser ce diplôme, à commencer par la guerre contre les établissements véreux qui ternissent le Bts. Entre autres mesures, on annonce l’utilisation de la biométrie dans l’organisation de l’examen. Ceci, pour que le candidat soit le vrai candidat. La ministre a décidé également d’éliminer les réseaux mafieux. C’est ainsi que désormais, les affectations des nouveaux bacheliers dans les établissements d’enseignement supérieur se font au mérite, selon les résultats et la performance de l’établissement. Ainsi Il n’y a plus à être l’ami du ministre ou d’avoir des entrées au ministère pour avoir plus de bacheliers orientés, étant donné qu’un bachelier coute environ 500 mille FCFA à l’Etat.
Déjà, la délivrance des certificats d’admissibilité au Bts 2016-2017 a commencé en décembre 2017 et se poursuit, une innovation majeure. Les soutenances sont annoncées pour ces jours-ci. Au ministère, on estime que c’est la période où les enseignants et les salles de soutenance sont disponibles qui est cruciale.
Le recrutement des enseignants chercheurs
Les nouvelles universités et celles qui existent manquent cruellement d’enseignants, de sorte que les heures complémentaires continuent d’enfler les budgets des universités. La ministre a décidé de poursuivre en cela, la politique de recrutement des enseignants chercheurs mais en éliminant au mieux la corruption qui gangrénait le système. Selon un sachant, le recrutement des nouveaux enseignant-chercheurs et chercheurs dont le résultat est attendu les jours prochains, a été fait sur de nouveaux critères objectifs. Un jury de spécialistes dans les différentes disciplines évalue les candidats, les classe par ordre de mérite et la liste arrêtée en fonction des places disponibles.
C’est sûr, sur ces chantiers-là, l’ancienne présidente de l’université Houphouët-Boigny se fera beaucoup d’ennemis mais elle n’a l’intention de baisser la garde, rassure un proche. ‘’Limiter la corruption, crédibiliser notre enseignement supérieur, donner des chances de succès à la recherche scientifique, augmenter les capacités d’accueil dans les universités et être à l’écoute de tous les acteurs et partenaires du système, voici son combat’’, fait-il savoir.
Avec connectionivoirienne