La compagnie aérienne Brussels Airlines se prépare à supprimer 27 routes, principalement en Europe mais aussi vers Marrakech, Conakry et Ouagadougou, alors qu’elle attend toujours un plan de soutien – pour elle ou pour son propriétaire le groupe Lufthansa afin de lutter contre les conséquences de la pandémie de Covid-19. Ses pilotes ont proposé de réduire de 45% leur temps de travail et leur salaire jusqu’en 2023, suivant l’exemple de leurs collègues allemands et autrichiens.
Alors qu’elle vient d’annoncer pour le 15 juin 2020 la reprise de ses vols, toujours pas détaillée officiellement mais dans le cadre d’un plan de redressement qui annonce des activités fortement réduites (25% d’emplois et 30% d’avions en moins), la compagnie belge devrait réduire son réseau de 27 routes : selon une carte à l’horizon 2022 obtenue par anna.aero, trois destinations africaines seront supprimées : Marrakech, Conakry et Ouagadougou ; Mais les coupes concerneront principalement l’Europe, avec la disparition annoncée de Calvi et Figari en France, quatre villes espagnoles et cinq grecques, Madère au Portugal, Hurghada en Egypte, Moscou et St Petersburg en Russie, Varsovie et Cracovie en Pologne, mais aussi Bristol en Angleterre, Hanovre en Allemagne, Comiso en Italie, Billund au Danemark, Vilnius en Lituanie ou Zadar et Zagreb en Croatie. La plupart ne sont proposées que sur une base saisonnière, et soumises à forte concurrence des low cost.
Brussels Airlines en revanche ouvrirait de nouvelles liaisons vers trois hubs du groupe, Francfort, Munich et Zurich, dans le cadre des partages de codes en place avec Lufthansa et Swiss, en plus de celle existant vers Vienne (partagée avec Austrian Airlines).
Depuis la suspension temporaire de tous ses vols le 21 mars, la compagnie belge de Star Alliance perd un million d’euros par jour en raison de pertes de revenu et de coûts « qui ne peuvent être évités », tels que les frais de leasing et d’entretien de ses avions. Et comme ni le gouvernement local ni le groupe Lufthansa n’ont trouvé d’accord sur une éventuelle aide (la négociation serait sur le point d’aboutir en Allemagne), l’impact social de la crise semble dur à éviter.
C’est pourquoi les pilotes de Brussels Airlines, réunis dans un collectif appelé B-United, ont proposé à la direction une réduction jusqu’à 45% de leur temps de travail et de leur salaire ; et ce jusqu’en 2023, ce qui permettrait de réaliser jusqu’à 100 millions d’euros d’économies. « En procédant de la sorte, les économies proposées sont suffisantes pour maintenir tous les pilotes à bord, et même le personnel de cabine, et (cela) évitera de payer dans l’immédiat plus de 22 millions d’euros de frais de licenciement pour les 191 membres du personnel navigant potentiellement concernés », expliquent les pilotes dans une lettre ouverte (470 PNC seraient aussi visés).
Mais ils dénoncent au passage un plan cafétéria : « Dans une recherche désespérée de réduction immédiate des coûts pour traverser la crise, notre direction nous a également informés de son intention de réduire tous les salaires du personnel navigant ainsi que, pour les pilotes, d’user et d’abuser d’ingénierie fiscale par l’introduction massive d’un plan ‘cafeteria’. Cette dernière mesure représenterait un manque à gagner de plus de 10 millions d’euro d’ici 2023 pour la sécurité sociale et imposerait aux pilotes de se voir offrir une voiture de société. Tout ceci n’est vraiment plus dans l’air du temps et n’est pas responsable, ni socialement ni écologiquement ».
Brussels Airlines a déclaré prendre « bonne note » de la proposition des pilotes, et « apprécier » que les négociations puissent commencer. Même si elle compte privilégier « les solutions structurelles aux mesures temporaires ».