2011marque le bicentenaire du règne du roiGeorge IV, le trend-setter quimit Brighton à lamode.Une raison de plus pour (re)découvrir, le temps d’unweek-end hors business, le plus célèbre des fronts demer britanniques.
Désuet mélange de fish&chips graisseux, de fête foraine un peu louche, de pensions sans charme et de ventres proéminents à laMartin Parr… Mais ça, c’est pour la vieille image de Brighton, un cliché aujourd’hui bien dépassé. Car, à une heure de train de la capitale–ou trente minutes d’Aston Martin – , la cité balnéaire s’est refait une beauté et attire à nouveau les Londoniens fortunés. On s’y rue leweek-end pour un bol d’air iodé, une pinte de bière dans des pubs bobos, une nuit dans un hôtel hip.
C’est au milieu du XVIIIe siècle que le Dr Richard Russell, médecin visionnaire, mit ce village de pêcheurs à la mode en publiant un traité sur les vertus des eaux de Brighthelmstone qu’il recommandait de boire. Aussitôt, la jet-set royale de l’époque accourut en masse et George IV, jeune régent rebelle et décadent, fuyant le protocole de la cour, y trouva à son tour refuge. C’est sa venue qui scella le destin de la future station alors rebaptisée Brighton. Fils de George III, le “roi fou”, George IV, qui aimait le vin et les femmes infiniment plus que l’eau demer, acheta une propriété de quatre maisons qu’il fit agrandir au début du XIXe siècle. De son imagination délirante naquit un palais des Mille et une nuits, un drôle de château aux allures de Taj Mahal onirique, que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de “pavillon royal de Brighton”. Cette architecture de style néo-indien laisse difficilement présager la surprise tout aussi insensée que procurent les chinoiseries de l’intérieur. Parmi les extravagances de l’original monarque, la salle de musique, qui nécessita deux années de construction, de jour comme de nuit, continue d’offrir aux regards étonnés ses 26 000 coquillages dorés à la feuille d’or. Aujourd’hui, on y organise des concerts et des défilés de mode.
Autre attraction: la grande salle des banquets. Sous un lustre monumental de 15000 cristaux, soutenu par un dragon de métal, on a installé une longue table autourde laquelle, dit-on, les invités frémissaient, de peur que la bête mythique ne lâche sa proie sur eux. Aujourd’hui, femmes et hommes d’affaires ont parfois le privilège de connaître les mêmes frissons que les hôtes d’autrefois, puisque les lieux se louent fréquemment pour des événements corporate.
Excentricité royale
C’est que le pavillon a une particularité : celle d’être le seul bâtiment royal à ne plus appartenir à la famille d’Angleterre. “Lorsque la reine Victoria, nièce de George IV, en est devenue propriétaire, elle voulut le faire démolir car elle le trouvait trop extravagant, explique Louise Hume, historienne spécialiste de Brighton, mais les habitants de la cité balnéaire s’y sont opposés. Et une partie de la population s’est mobilisée pour le racheter.” Au fil des décennies, le pavillon est passé de bâtiment municipal et lieu de conférences – où parla Oscar Wilde – à salle de bals et d’expositions. Pendant la guerre de 1914, on en fit même un hôpital pour soldats indiens. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le pavillon acquit finalement sa vocation demusée. “Cette année, qui marque le bicentenaire de la régence de George IV, on rend hommage à ce monarque fantasque et bon vivant”, raconte Louise Hume en montrant la traîne du couronnement, exposée pour l’occasion. “La traîne la plus chère de toute l’histoire de la monarchie”, précise-t-elle.
Dans le superbe parc du pavillon royal, unautre bâtiment, les anciennes écuries, abrite aujourd’hui un musée plutôt éclectique où se succèdent des salles consacrées à la mode et au design, au “body art”, mais aussi à l’antiquité égyptienne et à la décoration. Si ce musée et sa jolie boutique méritent le coup d’oeil, impossible d’être de passage à Brighton sans s’octroyer la traditionnelle promenade sur les galets, mais également sur la dernière des trois jetées, les deux autres ayant pris feu et foudre. Certes, le Brighton Pier incarne toujours et encore l’image d’Épinal d’une station balnéaire un rien désuète aux airs de kermesse. Et c’est tant mieux.
Mais cela ne devrait pas faire oublier que Brighton est aussi une ville universitaire hyper active, une commune contestataire – la seule d’Angleterre à avoir donné le pouvoir aux Verts – ou encore une scène musicale où se produisirent en leurs temps Jimmy Hendrix, Led Zeppelin et les PinkFloyd. “Brighton est créative. Beaucoup d’écrivains et d’artistes y ont leur maison. C’est aussi une ville de festivals, de théâtre et d’opéra ; une ville un peu bohème”, conclut Louise Hume. Une ville hantée par le passé. Et même, paraît-il, hantée tout court…
S’y rendre
Compter une heure de voyage en train depuis London Victoria sur le National Rail. Les trains sont assez fréquents, environ 3 à 4 par heure.
Internet : www.nationalrail.co.uk
Visit Brighton
Visitor Information Centre, Royal Pavilion Shop, 4-5 Pavilion Buildings
Tél. : +44 12 73 29 03 37
E-mail : visitor.info@visitbrighton.com ou brighton-tourism@brighton-hove.gov.uk
Internet : www.visitbrighton.com
Avec : voyages-d-affaires