Dans une étude publiée lundi, le cabinet d’audit et de conseil KPMG estime que le coût de l’ensemble des ingrédients du breakfast typique des familles britanniques pourrait s’alourdir de 13% si le Royaume-Uni ne parvient pas à négocier un accord de libre-échange une fois sorti de l’Union européenne.
Peut-être les citoyens britanniques seront-ils réceptifs à cette façon pour le moins originale d’alerter sur les risques du Brexit. Le cabinet d’audit et de conseil KPMG a ainsi décidé d’utiliser une image pour le moins parlante, à savoir le petit déjeuner familial traditionnel.
KPMG calcule en effet que si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne sans avoir négocié d’accord de libre-échange ou de régime transitoire, le coût du “breakfast” dégusté par les familles dans la perfide Albion bondirait de 12,8%, de 23,59 à 26,61 livres sterling (20,75 à 23,46 euros), dès mars 2019, date programmée du Brexit.
Le jus d’orange et l’huile d’olive beaucoup plus chers
En effet, sans aucun accord, le Royaume-Uni tomberait sous le régime de l’OMC (organisation mondiale du commerce) et devrait donc appliquer des tarifs douaniers aux denrées importées. KPMG a ainsi appliqué les droits de douanes actuels de l’Union européenne sur les produits des pays tiers tout en prenant également en compte la marge du vendeur, ici “un supermarché britannique de grande envergure”, qui vend des ingrédients “milieu de gamme”.
Tous les aliments de ce bon petit déjeuner ne sont pas négativement impactés. Ainsi les prix du lait, des œufs et du pain, tous “made in Britain”, demeurent inchangés. En revanche, la facture s’alourdit pour les ingrédients plus exotiques à savoir le jus d’orange importé d’Espagne (34%), l’huile d’olive de Grèce et d’Italie (30%), le beurre danois ou français (25%) ou encore la confiture française (24%). Même les saucisses et le bacon verraient leurs coûts exploser (de respectivement 20 et 9%), la production porcine s’étant effondrée au Royaume-Uni depuis le milieu des années 90 (entre 1995 et 2010 elle a chuté de 24% et aujourd’hui est trois inférieure à celle de la France, selon l’IFIP-institut du porc).
“Si le Royaume-Uni devait quitter l’UE sans nouer d’accord de libre-échange ou de régime transitoire nous devrons nous attendre à la fois à une hausse des prix et à une augmentation des lourdeurs administratives à la frontière”, commente Bob Jones, directeur en charge des impôts indirects et des douanes liés au Brexit chez KPMG.
Le Brexit commence à se faire sentir
“Il est également important de rappeler que notre analyse ne prend même pas en compte la hausse des coûts qui frappe déjà les consommateurs et les commerçants en raison de la chute de la livre sterling ou encore du coût qui serait généré par d’éventuelles nouvelles barrières non tarifaires (licences de vente de certains produits, autorisations réglementaires NDLR)”, souligne-t-il.
En effet, la hausse du coût des aliments importés par le Royaume-Uni a déjà fait les choux gras de la presse britannique. Le très médiatique chef Jamie Oliver avait notamment dû fermer six établissements de sa chaîne Jamie’s Italian, car ces restaurants, spécialisés dans la cuisine italienne, importaient énormément d’ingrédients, les pâtes ayant notamment augmenté de 10% après le “oui” du peuple britannique au Brexit.
Plus prosaïquement, les effets du Brexit commencent tout doucement à se faire sentir sur une économie britannique qui avait relativement bien résisté les premiers mois. Au premier trimestre 2017, la croissance a fléchi à 0,2% (contre 0,7% le trimestre précédent) en raison notamment de la hausse des prix qui rogne la consommation des ménages, comme le signalait alors l’ONS, l’Insee britannique.
Avec bfmbusiness