La ministre de l’Intérieur Amber Rudd veut pousser les sociétés britanniques à embaucher plus de travailleurs locaux. Nombreux représentants d’entreprises s’indignent d’une proposition qu’ils considèrent «xénophobe ».
Le titre de Bloomberg laisse peu de place à la nuance : « La Grande-Bretagne va-t-elle également nommer et pointer du doigt les patrons étrangers ? » L’agence fait référence à une proposition de la ministre britannique de l’Intérieur Amber Rudd qui fait grand bruit de l’autre côté de la Manche : forcer les entreprises britanniques à établir des listes de leurs employés étrangers.
Immédiatement, la proposition a été critiquée, notamment dans la presse. The Times considère que la mesure vise à « faire honte » aux entreprises n’employant pas assez de Britanniques :
Pour Carolyn Fairbairn, directrice générale de la Confédération de l’industrie britannique (CBI), la proposition pourrait envoyer un mauvais message aux entreprises « déjà nerveuses au sujet des risques du Brexit » : « Cette idée que cela va être honteux d’avoir des employés d’autres pays qui travaillent dans nos sociétés est une mauvaise chose : nous ne sommes pas ce genre de pays ».
Mesure « xénophobe »
De mauvaise idée, la proposition de la ministre de l’Intérieur est très rapidement devenue une mesure « polémique ». Outre le « badge de la honte » dont seraient affublés les travailleurs étrangers, la proposition est désormais considérée comme « xénophobe » et même la Première ministre d’Ecosse, Nicola Sturgeon, demande clarification :
Alors, après la polémique, les regards étaient dirigés vers la Première ministre Theresa May, qui s’exprimait lors de la clôture du congrès du parti conservateur . Là, les mots de May dévoilaient comme une tentative de rassurer ceux qui ont soutenu le Brexit principalement en raison de leurs inquiétudes au sujet de l’immigration.
Et selon The Guardian , les perdants de la politique de May, à en croire son discours, seront bien les travailleurs étrangers : « Son discours aura énervé notamment les médecins étrangers, dont la Première ministre a suggéré qu’ils seraient autorisés à rester en Grande-Bretagne durant une durée limitée ».
May a aussi indiqué que le Royaume-Uni ne quitterait pas l’Union européenne pour « abandonner de nouveau le contrôle de l’immigration ». Selon le Financial Times , la Première ministre souhaite « rallier des millions d’électeurs mécontents à travers le pays, mais aussi les électeurs de l’Ukip, le parti europhobe britannique, en plein doute depuis le retrait de Nigel Farage et la démission de sa remplaçante après seulement 18 jours en fonction ».
Selon un rapport de l’Observatoire des flux migratoires de l’université d’Oxford , le nombre de personnes nées à l’étranger en âge de travailler au Royaume Uni a augmenté de 2,9 millions en 1993 à 6,6 millions en 2014. Comme l’indique Bloomberg, 42 patrons sur les 100 plus grandes entreprises britanniques sont étrangers en 2016 dont 22 sont Européens.
avec lesechos