En cas de Brexit, les Britanniques et l’Europe toute entière connaîtront un “choc économique majeur”, annonce l’OCDE dans un rapport rendu public mercredi sur les conséquences économiques d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE. Éclairage.
Les Britanniques pourraient perdre l’équivalent d’un mois de revenu en quatre ans si les électeurs votent en faveur d’une sortie de l’Union européenne (UE) le 23 juin prochain, estime un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur les conséquenceséconomiques d’un Brexit, rendu public le mercredi 27 avril.
Un tel scenario “conduirait à un choc négatif majeur pour l’économie du pays et aurait des incidences pour tous les membres de l’OCDE, en particulier en Europe”, peut-on lire dans le document de 36 pages. “Dans une certaine mesure, le Brexit équivaudrait à un impôt sur le PIB, imposant un coût durable et croissant sur l’économie, qui ne serait pas encouru si le Royaume-Uni restait dans l’UE“.
Tous les membres de l’UE impactés
Le rapport rappelle en préambule que la richesse du Royaume-Uni repose avant tout sur son “adhésion à l’Union européenne” qui “a contribué à la prospérité économique” du pays. Le simple fait de remettre en cause son adhésion au sein de l’UE a déjà des conséquences sur l’économie du pays. “Les incertitudes entourant l’issue du referendum ont déjà commencé à affaiblir la croissance britannique”, souligne-t-on ainsi dans le rapport.
Et réciproquement, la “puissance industrielle et financière” du Royaume-Uni, qui “reste l’un des trois moteurs économiques de l’Union, derrière le tandem franco-allemand,” profite à toute la zone économique. Une telle sortie aurait donc des conséquences sur tous les membres de l’UE. “Le marché commun se trouverait totalement déstabilisé et un rééquilibrage, en faveur de l’Allemagne et au détriment de la France, pourrait voir le jour, selon certaines études”, note-t-on dans le document de l’OCDE. De plus, les pays membres auraient, là encore, à se plier aux règles commerciales internationales pour vendre leurs produits outre-Manche.”
Et les conséquences économiques s’étaleraient dans le temps : “Sur le court terme, l’économie britannique serait affectée par le durcissement des conditions financières et l’affaiblissement de la confiance puis, après sa sortie officielle de l’Union européenne, par le relèvement des obstacles aux échanges et les conséquences précoces des limitations à la mobilité de la main-d’œuvre.”
Les conséquences à long terme pèseraient sur trois canaux : les capitaux, l’immigration et un progrès technique moindre. “En particulier, la productivité du travail serait pénalisée par une baisse de l’investissement étranger direct et par l’accès à un volume de compétences plus limité. Le manque à gagner en termes de PIB se creuserait avec le temps.”
Baisse du PIB
Autre conséquence majeure, l’affaiblissement du PIB : “À l’horizon 2020, le PIB serait plus faible de 3 % qu’autrement (en cas de maintien dans l’UE), équivalent à un coût moyen de 2 250 livres par foyer (en prix actuels, soit 2 904 euros)”.
“Une sortie du Royaume-Uni de l’UE entraverait également le PIB dans d’autres économies européennes, notamment sur le court terme, en raison des incertitudes politiques sur l’avenir de l’Europe, révèle aussi le rapport. À l’inverse, un maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne et la poursuite des réformes du marché unique amélioreraient les niveaux de vie des deux côtés de la Manche.”
Inquiétudes des milieux économiques
En 2030, selon le scénario de référence, le PIB serait inférieur de plus 5 % à l’actuel PIB et le montant de l’”impôt Brexit” atteindrait alors 3 200 livres par ménage (en prix actuels, 4 131 euros).
Cette première consultation britannique sur l’Europe depuis 1975 inquiète les milieux économiques et dirigeants du monde entier, favorables en majorité au maintien du pays dans l’UE. Selon une compilation de sondages récents réalisée par le site What UK Thinks, le maintien dans le bloc des 28 l’emporterait avec 54 % des voix, contre 46 % pour un Brexit.
Avec France24