Le lobbying actif de la région Ile-de-France pour attirer des entreprises commence à porter ses fruits. Le problème, reconnait Valérie Pécresse, c’est que ces investissements ne créent pas suffisamment d’emplois.
“Chose Paris Region!” Pour attirer les entreprises londoniennes, l’anglais est quasiment devenu la langue officielle à la région Ile-de-France. “Nous avons mis en place une hotline et nous sommes pro-business et oui tout est en anglais c’est comme ça”, s’en amuse Valérie Pécresse, la présidente de la région. Et cinq mois après sa création, le guichet unique mis en place pour aider les entreprises britanniques à venir s’installer en France a déjà permis à 30 entreprises d’entamer les démarches. Après HSBC qui a annoncé en début d’année le transfert de 1.000 salariés de Londres vers Paris, voilà une bonne nouvelle pour la France dans l’ère post-Brexit qui s’ouvre.
Sauf que dans les faits, les motifs de se réjouir doivent être tempérés. D’abord parce que ces 30 entreprises (dont les noms n’ont pas été communiqués) sont surtout des petites sociétés, des start-up. Pour le moment aucun des mastodontes de la finance que sont les grandes banques américaines (Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citibank…) ou britanniques (Barclays, RBS…) n’ont annoncé faire leur bagages pour Paris. “C’est normal, tient à préciser la présidente de Région. Ce sont les petites structures qui s’adressent au guichet unique pas les grosses qui n’ont pas besoin de nous pour passer les obstacles.” Des petites sociétés donc pour la plupart d’ailleurs dirigées par des Français qui ont décidé de traverser la Manche en sens inverse.
Chaque investissement ne crée que 18 emplois en moyenne
Or qui dit petite société dit faible impact en matière d’emplois. Et c’est bien là l’écueil pointé du doigt par la présidente de région. Car si l’Ile-de-France a attiré en 2016 quelque 359 investissements étrangers, “le second meilleur résultat en 15 ans”, se félicite Valérie Pécresse, ils n’ont donné qu’à 6.635 créations d’emplois directs, soit moins qu’en 2015 (7.182 créations). MAis il s’agit surtout d’un net recul par rapport à ce qu’on observait entre 2005 et 2010 quand les investissements étrangers permettaient de créer 8.000 à 9.000 emplois par an en Ile-de-France.
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Pourquoi ces investissements étrangers génèrent-ils si peu d’emplois? “L’environnement social décourage les investisseurs étrangers, assure Robin Rivaton, le directeur général de Paris Région Entreprises, l’agence de développement économique de l’Ile-de-France. Ils créent des emplois très qualifiés -ce qui est une bonne nouvelle- mais pas dans la production ni dans les services aux entreprises.”
Bref, malgré son pouvoir d’attraction, la région parisienne pâtit des mêmes carences qui touchent l’ensemble de l’économie française. “Il va falloir aller plus loin dans la réforme du droit du travail mais cela ne peut se faire qu’au niveau national”, souligne Valérie Pécresse.
La VRP de l’Ile-de-France
En attendant la région compte intensifier son lobbying “pro-business” à l’étranger. “Un travail que nous avons commencé depuis que nous sommes à la tête de la région, le Brexit a été un catalyseur, pas un déclencheur”, précise Pécresse qui s’est transformée en VRP de l’Ile-de-France à l’étranger. Plus de 4.000 lettres ont été envoyées à des grandes entreprises pour vanter la place de Paris, une délégation s’est rendue à New York et à Boston pour faire la tournée des grandes banques, une présence sur tous les grands salons qui comptent dans le monde…
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La Région se démène pour casser l’image d’un pays pas toujours positive dans le monde des affaires. “Il faut briser les clichés sur la France “anti-finance” et “anti-business” qui sont forts à l’étranger, mais ça commence à bouger”, se félicite Valérie Pécresse.
Baptisée logiquement “We are Paris Région”, la campagne met en avant la fiscalité attractive de la France “avec les exemptions et les crédits d’impôt, le taux d’imposition n’est que de 8% pour les grandes entreprises et 22% pour les petites” précise Valérie Pécresse, mais aussi la capacité d’accueil (3 millions de m² de bureaux libres dont le tarif moyen est 2,4 moins élevé qu’à Londres) et les futurs gros investissements comme le CDG Express, le projet de rénovation de la Gare du Nord, la création de trois futurs lycées internationaux ou la multiplication des incubateurs et autres pôles de compétence comme la Station F de Xavier Niel ou le cluster santé à Villejuif avec Sanofi et le centre de R&D de Servier. Une campagne active, des infrastructures qui s’améliorent, des investisseurs intéressées… Il ne reste plus qu’à créer des emplois.