Vainqueur de la présidentielle au Brésil, le candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro pourrait bien couper les ponts avec l’Afrique dont il n’a pas fait cas dans son programme de campagne.
Il est déjà surnommé le « Trump tropical », nostalgique de la dictature militaire (1964-1985). Au Brésil et au-delà, le nouveau président d’extrême-droite Jair Bolsonaro s’est bâti une réputation de « raciste », « misogyne » et « homophobe » pour ses déclarations incendiaires durant la campagne.
Chantre de la lutte contre la corruption, l’ancien capitaine promet cependant au géant sud-américain une formule simple : « la prospérité, la liberté, la défense de la famille traditionnelle, Dieu et un retour aux priorités brésiliennes », de quoi rassurer les communautés évangéliques prolifiques du Brésil et une classe moyenne ébranlée par la crise économique et une violence record.
La formule a fait recette puisque le porte-étendard du Parti de la liberté sociale a été élu avec plus de 55 % des voix, contre 44,87 % pour son rival du Parti des travailleurs, Fernando Haddad.
Durant sa campagne, le nouveau président n’a cessé de marteler sa volonté de rompre avec le communisme inspiré de Cuba et du Venezuela qui fut l’une des matrices de la politique de l’ancien président Lula Da Silva et sa successeure Dilma Rousseff. Ces derniers ayant fait de la zone sud, notamment l’Afrique, le centre de leurs aspirations géopolitiques.
A contre-pied de la gouvernance Lula
En effet, en huit ans de présidence, Lula s’est rendu dans 27 pays africains au cours de 12 voyages. Avec en ligne de mire un multilatéralisme élargi et réformé, il a doublé la présence diplomatique brésilienne en Afrique. En 2010, il y avait 39 ambassades. Au cours de la même période, 18 ambassades africaines ont été ouvertes à Brasilia, la capitale brésilienne. Les échanges commerciaux s’en sont dès lors revigorés. Entre 2000 et 2013, ils sont passés de 4,3 millions à 28,5 milliards de dollars. Mais ils ont chuté à 12,4 milliards de dollars en 2016 à la suite de la récession économique et des bouleversements politiques au Brésil.
S’il est vrai que la politique africaine brésilienne a commencé à prendre du plomb dans l’aile dans les derniers moments de la présidence Rousseff, elle pourrait davantage s’essouffler avec l’arrivée de Bolsonaro. Ce dernier est certes resté mystérieux sur ses ambitions en Afrique, mais son vice-président, le général Hamilton Mourão, a donné une ébauche de ce que pourrait être la coopération avec l’Afrique.
Lors d’un discours récent, il a notamment critiqué la coopération sud-sud promue par les présidents Lula et Rousseff, estimant qu’elle ne produisait aucun « retour ». Dans les milieux diplomatiques, on prête à Bolsonaro l’intention de fermer de nombreuses ambassades du Brésil en Afrique. La réduction de bourses d‘études aux étudiants africains est également attendue, tandis que la politique d’immigration devrait davantage se corser. Il pourrait également réviser la participation du Brésil au groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme il l’a lui-même annoncé.
Dans un Brésil miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë dans la classe politique, il semble que le nouveau président Jair Bolsonaro milite ardemment pour un « Brésil d’abord », comme son homologue du Nord, Donald Trump.
Avec africanews