La police ivoirienne vient de réussir l’une de ses plus grandes opérations anti-braconnage de ces dix derniers mois, après avoir saisi près de 60 kilos d’ivoire et 7 peaux de panthères. « La marchandise » était destinée au marché chinois.
Les forces de sécurité ivoiriennes viennent de mettre la main sur deux trafiquants qui s’apprêtaient à écouler sur le marché noir 6 défenses d’éléphant de 41 kilos, 7 peaux de panthère et près de 150 objets sculptés en ivoire d’un poids total de 18 kilos. D’après la police ivoirienne, ces produits de faune sauvage interdits allaient être exportés vers la Chine.
«Nos services ont procédé à l’interpellation de deux trafiquants ivoiriens, dans le quartier de Treichville, prêts à vendre des produits de faune sauvage interdits», a déclaré le colonel Yamani Soro, directeur général des eaux et forêts.
Selon lui, ces produits étaient composés de statuettes d’autruche, bustes, pendentifs, peignes et bracelets en ivoire, etc. C’est la deuxième plus importante prise en l’espace de 11 mois dans le pays. En juin 2016, les services des douanes avaient en effet procédé à la saisie de 150 kilos de défenses d’éléphants en provenance du Nigéria. Une prise considérée comme la plus importante dans le pays, ces dix dernières années et a su motiver les forces de sécurité.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), il ne resterait aujourd’hui en Afrique que 415 000 éléphants. Malheureusement, entre 2007 et 2014, les braconniers ont décimé près de 144 000 d’entre eux, d’après les chiffres du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).
Un commerce estimé à 20 milliards de dollars par an
Malgré les arrestations multiples et l’engagement des Etats contre cette situation, le commerce illégal d’ivoire ne s’arrête pas. Avec une valeur quasi totale estimée à 20 milliards de dollars par an, ce trafic est aujourd’hui la troisième activité illicite la plus rentable, après celles des stupéfiants et des armes. Nettement plus vendu en Asie et au Moyen-Orient, l’ivoire est utilisé notamment dans la médecine traditionnelle et pour l’ornement, avec un prix à la vente qui atteint les 7 000 euros le kilo.
« Entre 2000 et 2013, on observe un accroissement du trafic de l’ivoire à grande échelle, en termes du nombre d’expéditions et de la quantité d’ivoire échangée illégalement. En 2013, nous constatons une augmentation de 20% par rapport aux chiffres record de 2011. Nous sommes très inquiets », s’est confessé Tom Milliken, spécialiste du commerce de l’ivoire chez TRAFFIC et responsable de la base de données ETIS.
Comme lui, l’UICN soutient qu’à ce rythme, le commerce illégal d’ivoire pourrait faire disparaître le cinquième des éléphants d’Afrique.
Afin de lutter contre cette menace, plusieurs organisations se mobilisent chaque jour dans le monde. «Ces arrestations sont le fruit d’une collaboration avec l’ONG Eagle qui appuie la lutte contre le trafic des espèces menacées», témoignait Bonaventure Adomo, le commissaire divisionnaire et directeur de l’Unité ivoirienne de lutte contre le trafic transnational (UCT). Celui-ci a ajouté que «l’UCT, en coopération avec Interpol, va tenter de démanteler ce trafic qui a des racines à l’étranger».
Avec latribune