La Société Financière Internationale, la branche de la Banque mondiale en charge du secteur privé, a mené des consultations auprès des acteurs du marché financier des pays de la CEMAC. Il s’agissait de dessiner les forces et faiblesses du secteur, et les mesures à prendre pour assurer la réussite de la fusion des deux bourses d’Afrique centrale.
Au cours de rencontres menées par la Société Financière Internationale, des acteurs des places financières de Douala (Cameroun) et de Libreville (Gabon), ont soulevé la nécessité qu’il y avait à apporter un certain nombre d’améliorations à l’effet de rendre le futur marché financier commun plus dynamique. Les participants (régulateurs, banques, compagnies d’assurance, dépositaires, émetteurs) formés en groupes de travail ont effectué un état des lieux du marché de la zone CEMAC et proposé des recommandations pour pallier aux différents enjeux qui ont été soulevés.
Le bon sens a fini par l’emporter, les bourses d’Afrique centrale fusionnent.
Trois points auront particulièrement retenu l’attention. Il s’agit du cadre institutionnel et règlementaire, de l’architecture de marché mais aussi de l’offre et de la demande de produits financiers.
Un cadre institutionnel et règlementaire qui est entravé par de nombreux défis
Par rapport au cadre institutionnel et règlementaire, les intervenants ont souligné plusieurs points positifs qui constituent une base pour accompagner le développement du marché des capitaux, tout en relevant plusieurs enjeux à considérer pour créer un cadre institutionnel et règlementaire beaucoup plus incitatif.
L’existence d’un cadre réglementaire exhaustif et propice à l’émission, permettant ainsi à tout émetteur de pouvoir lever des fonds sur le marché des capitaux, a ainsi été salué. Par ailleurs, on a relevé, que les principaux acteurs (bourses, SGI, banques et autres) respectent les règles de fonctionnement du marché.
L’existence d’un cadre réglementaire exhaustif et propice à l’émission, permettant ainsi à tout émetteur de pouvoir lever des fonds sur le marché des capitaux, a ainsi été salué.
Aussi, le cadre réglementaire autorise les placements des banques et compagnies d’assurances à investir dans des émissions obligataires, les procédures d’émission sont claires et transparentes, la liquidité disponible, est susceptible de satisfaire les émetteurs, et enfin la BEAC met en place des réformes qui visent à stimuler le marché.
Ces avantages, qu’offre le cadre sont cependant dilués par des facteurs négatifs. Par exemple, la culture financière reste limitée, les émetteurs sont peu sensibilisés aux opportunités de levée de fonds qui existent, les institutions financières manquent de formations techniques pour structurer des produits de marché et certains acteurs ont même relevé un manque de transparence et des normes pour les notes d’information qui ne sont pas respectées, ce qui alourdit le travail des régulateurs.
La nécessité d’une infrastructure financière adéquate
Les participants aux deux rencontres ont aussi reconnu, qu’une infrastructure financière adéquate est une base fondamentale pour le développement des marchés de capitaux, car elle permet une allocation des ressources de manière efficace, de manière à les canaliser vers des utilisations productives qui favorisent la croissance économique.
Deux points forts ont été salués dans le cadre des marchés financiers de la CEMAC. Il s’agit d’une part, de l’existence d’une plateforme électronique sur les places de marché de Douala et de Libreville, ainsi que de solides architectures technologiques pour les dépositaires centraux. La présence d’un dispositif pour la diffusion de l’information financière a aussi été relevée.
Le système d’information n’est pas adéquat, en ce que trop d’opérations sont encore menées manuellement. Cela entraîne donc une utilisation non optimale de l’infrastructure du marché, avec des cours de bourse qui ne sont pas affichés régulièrement.
Mais ces points forts cachent quelques distorsions qui pourrait ne pas changer, même avec la fusion des deux bourses, et nécessitent une attention particulière. Le système d’information n’est pas adéquat, en ce que trop d’opérations sont encore menées manuellement. Cela entraîne donc une utilisation non optimale de l’infrastructure du marché, avec des cours de bourse qui ne sont pas affichés régulièrement. Enfin, le marché régional se déploie sous la base d’un système trop complexe
Un jeu de l’offre et de la demande qui mérite d’être dopé
Sur le plan de l’offre et de la demande, les participants aux rencontres de Yaoundé et de Libreville ont admis, qu’une culture financière limitée est par exemple un des plus gros enjeux qui limite non seulement la participation d’investisseurs potentiels, tels que les particuliers, mais limite également le nombre d’émetteurs, qui sont peu sensibilisés aux opportunités qui existent dans le marché.
Une culture financière limitée est un des plus gros enjeux qui limite non seulement la participation d’investisseurs potentiels, tels que les particuliers, mais limite également le nombre d’émetteurs, qui sont peu sensibilisés aux opportunités qui existent dans le marché.
Mais en plus de cela, on a aussi salué le fait que les taux de rendements deviennent relativement intéressants sur certains produits. Des intervenants ont reconnu que la faiblesse des taux de rendements était devenue un problème au regard de la faible liquidité du marché et des conditions difficiles pour les Banques en matière d’immobilisation de fonds.
Parmi les autres avantages, on a relevé la diversité des maturités des titres émis et certaines réformes de la BEAC (Banque Centrale) qui visent à améliorer la liquidité des titres obligataires émis.
Mais derrière ces arguments favorables pour l’offre et la demande, de nombreuses faiblesses ont été soulevées. On peut ainsi parler du manque de confiance entre les investisseurs et les émetteurs, un compartiment de titres de sociétés privées qui est encore très embryonnaire, l’insuffisance d’instruments, l’absence de politique incitative pour des opérations de privatisations par l’Etat, et une base d’investisseurs peu diversifiée.
La faible culture financière de l’Afrique centrale représente un obstable majeur.
Aussi le niveau élevé des coûts de transactions a été très critiqué, ainsi que le manque de transparence sur le coût total d’émission.
Aussi le niveau élevé des coûts de transactions a été très critiqué, ainsi que le manque de transparence sur le coût total d’émission.
Un autre défi, est que les produits offerts sont souvent mal adaptés. C’est le cas par exemple, de la mobilisation de ressources à long terme en vue de financer des investissements dans le logement. Enfin, il y a un manque de diffusion de l’information financière qui décourage les investisseurs. A cet effet la problématique de la notation a été fortement discutée.
Quelques propositions en vue de rendre la fusion plus efficient
A la fin des discussions plusieurs propositions ont été formulées. Concernant l’amélioration de l’offre et de la demande, une proposition forte aura été celle de faciliter la participation au marché des sociétés d’assurances, fonds de pension et investisseurs non-résidents (diaspora, etc.), dans la mobilisation de l’épargne publique.
Une proposition forte aura été celle de faciliter la participation au marché des sociétés d’assurances, fonds de pension et investisseurs non-résidents (diaspora, etc.), dans la mobilisation de l’épargne publique.
Aussi, il a été demandé d’harmoniser la fiscalité appliquée aux valeurs mobilières, afin qu’elle puisse profiter à des variétés d’investisseurs. En matière de transparence et de gouvernance, les investisseurs de la CEMAC plaident pour le respect des procédures, surtout lors des paiements, le renforcement de la sécurité des opérations et la transmission régulière des données financières concernant les émetteurs.
Pour une amélioration de l’information et de la gestion des relations avec les investisseurs, il a été recommandé, de mettre en place des outils de communication plus efficients, en même temps qu’il sera question de rendre l’information financière plus accessible. Dans ce sens, il sera question de moderniser les plateformes existantes, de digitaliser l’accès au marché et aussi de redéfinir l’activité des prestataires des services d’investissement dans un contexte marqué par le tout numérique.
Rappelons que la Société Financière Internationale a organisé ces rencontres, parce qu’elle projette de devenir un émetteur récurent sur le marché financier de la CEMAC. Selon Mehita Sylla, la représentante de l’institution au bureau de Douala, il est question de montrer que l’environnement local offre des alternatives en terme de mobilisation des capitaux, dans le but de financer des investissements spécifiques.
Avec agenceecofin