La Banque africaine de développement et la Banque mondiale ont été approchées par la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) pour mettre en œuvre les recommandations qui lui ont été remises par le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger voilà un an. Objectif : concrétiser le projet de rapprochement des bourses de Douala et Libreville.
Le patron de la Cosumaf, Rafaël Tung Nsue, se voulait positif le mercredi 25 janvier, lors de son passage à la conférence organisée à la Banque de France à Paris par la Fondation pour les études et les recherches sur le développement international. Selon lui, la relance d’un marché financier d’Afrique centrale − approuvée depuis 1999 par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) − aura bien lieu.
Et pour financer la mise en œuvre des recommandations remises début 2016 par le cabinet Roland Berger, la Cosumaf se tourne à nouveau vers la Banque mondiale − qui avait financé la mission des consultants du conseil en stratégie allemand − et la Banque africaine de développement.
Cette dernière avait déjà, en 2011, proposé deux scénarios : l’un consacrant la spécialisation des places, avec les actions au Cameroun et les obligations au Gabon ; l’autre consistant à fusionner les deux marchés pour donner naissance à une place financière installée à Douala, tandis que le régulateur et le dépositaire central seraient basés à Libreville.
1,5 milliard d’euros d’émissions par an
Pour matérialiser le rapprochement entre la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC, à Libreville) et du Douala Stock Exchange (DSX), dont Roland Berger estimait en février 2016 qu’il pourrait générer 1 000 milliards de F CFA (1,5 milliard d’euros) d’émissions par an d’ici à 2020, Rafaël Tung Nsue, mais aussi Marcel Ondèle, le secrétaire général de la Cosumaf, sont à pied d’œuvre pour débloquer de nouveaux financements auprès de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement.
Un programme de 3 à 6 millions d’euros est visé. Il a pour objectif l’installation de plusieurs groupes de travail censés plancher sur les moyens de mettre en œuvre les recommandations de Roland Berger, dont le rapprochement Libreville – Douala.
Prenant de vitesse ses partenaires, le Cameroun s’est doté dès 1999 de son propre marché financier, le DSX, un an avant la désignation officielle de Libreville comme siège de la BVMAC, pourtant bourse commune aux six membres de la Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad). Depuis lors, c’est la guerre feutrée entre les deux places, et les coups bas sont parfois de mise.
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