Dans un entretien accordé au journal “Le Monde”, l’ancien Premier ministre français dénonce la mise à l’écart d’Africarail du projet de boucle ferroviaire Cotonou-Abidjan, que construit le groupe Bolloré en Afrique de l’Ouest.
Après l’entrepreneur gabono-béninois Samuel Dossou, c’est au tour d’un nouvel acteur de contester l’attribution au groupe Bolloré des concessions pour la construction de plusieurs pans de la boucle ferroviaire Cotonou-Abidjan.
Il s’agit cette fois de Michel Rocard. Dans un entretien accordé ce jeudi à notre confrère Le Monde, l’ancien Premier ministre français revendique avoir suivi ce projet d’infrastructures depuis une vingtaine d’années aux côtés du bureau d’études Geftarail, fondé par l’expert ferroviaire français Michel Bosio.
Réservé
Selon le responsable politique français, c’est cette structure qui, dans le cadre de sa recherche de partenaires et de financements, aurait présenté en 1999 le projet d’une boucle ferroviaire reliant Cotonou à Ouagadougou via Niamey à un Vincent Bolloré peu enthousiaste et plutôt réservé, rapporte le quotidien français.
Malgré l’absence de soutien financier, Geftarail a ratifié cette même année un protocole d’accord avec le Niger, le Burkina Faso, le Bénin et le Togo pour la poursuite du projet, indique la même source. Ces États ont pris d’ailleurs des parts minoritaires dans Africarail SA, filiale de Geftarail.
Si en 2011, après bien des péripéties, le bureau d’études semble bénéficier enfin du soutien d’industriels français et de Paris, le projet est embourbé quand, fin 2012, Michel Rocard est informé par Vincent Bolloré de son intention de démarrer seul la construction de la boucle ferroviaire.
En avril 2014, le groupe Bolloré donne le coup d’envoi des travaux.
Responsabilité
« Vincent Bolloré est en train d’essayer de nous voler », a dénoncé Michel Rocard, selon les propos rapportés par Le Monde.
Reprenant un argument avancé dans le cas de l’entrepreneur Samuel Dossou, qui indique avoir également signé des accords avec les États parties du projet de boucle ferroviaire, le groupe Bolloré rejette toute responsabilité vers ces derniers.
« Le Bénin et le Niger nous ont demandé de faire une ligne que personne d’autre n’était prêt à financer. Nous avons bien précisé contractuellement dans les accords que les États faisaient leur affaire de droits antérieurs qu’ils auraient pu accorder à des tiers », a rétorqué Vincent Bolloré, cité par Le Monde.
Avec Jeune Afrique