Le président Patrice Talon a limogé son ministre des Infrastructures et des transports, Hervé Hêhomey, un de ses fidèles lieutenants. Aucune raison n’a été officiellement avancée pour justifier cette décision et le département a été confié à son homologue chargé du Développement durable, Josée Tonato. Ce qui réduit le gouvernement de 21 à 19 postes après le départ, il y a quelques mois, du ministre délégué à la Défense, Candide Azannaï. De quoi amplifier les rumeurs qui ont émergé ces derniers temps sur un éventuel probable remaniement ministériel, le premier depuis l’arrivée de Talon au pouvoir.
C’est à travers deux décrets lus simultanément sur les antennes de la télévision publique, dans la soirée du lundi 18 septembre, que les Béninois ont appris non sans surprise, l’éviction du gouvernement du ministre des Infrastructures et des transports Hervé Hêhomey. Il a été purement et simplement «relevé de ses fonctions», par le président Patrice Talon qui a confié l’intérim de ce département stratégique à José Didier Tonato, le ministre du Cadre de vie et du développement durable.
Aucune raison officielle n’a été avancée pour justifier cette décision du chef de l’Etat, la première du genre depuis son arrivée au pouvoir en avril 2016. Ce qui n’a pas empêché l’opinion et surtout la presse locale de se perdre en conjectures pour essayer de trouver les motivations qui expliqueraient une éviction que rien ne laissait présager.
Le ministre sortant était d’ailleurs en pleine mission d’inspection depuis quelques jours, sur instruction du président Talon, et avait lui-même déploré le retard pris dans l’exécution de certains chantiers entrant dans le cadre du volet infrastructures du gouvernement.
L’éviction du ministre Hervé Hêhomey était d’autant plus inattendue qu’il était jusque-là considéré comme un des fidèles lieutenants du chef de l’Etat qu’il ne manque d’ailleurs pas d’encenser à chaque fois que l’occasion se présente. La dernière occasion, c’était justement la semaine dernière à l’occasion d’un meeting politique dans son propre fief électoral de Covè. Ce qui n’aurait pas été du goût de Talon qui avait dès sa prise de fonction décidé de mettre fin «aux manifestations populistes». D’autant plus que plusieurs dossiers urgents étaient en instance, notamment des ouvrages qui auraient cédé à la suite des pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers temps dans plusieurs régions du pays.
Encore récemment, la presse locale a également fait cas de certains couacs relevés dans la gestion de certains dossiers comme la mise en gérance de l’aéroport international de Cotonou, mais également dans certains marchés passés au niveau du ministère dont Hervé Hêhomey avait la direction.
Remaniement en vue
C’est le deuxième ministre qui quitte le gouvernement Talon sans y être remplacé après le départ, en avril dernier, de Candide Azannai qui lui a préféré jeter l’éponge. De 21 ministres, le gouvernement est donc désormais réduit à 19 et pour une large frange de Béninois, Talon se prépare à un remaniement ministériel pour insuffler une nouvelle dynamique à l’action gouvernementale et accélérer la mise en œuvre de son programme de mandat «Le Bénin relevé». Le remaniement était d’ailleurs annoncé depuis longtemps, mais le chef de l’Etat semble prendre tout son temps.
En attendant la suite des événements, certains opposants ont accueilli l’éviction du ministre Hêhomey avec une bienveillance à peine déguisée, comptant sur un nouvel opposant de gagner, même s’il est encore un peu tôt pour tirer pareille conclusion. Le climat politique béninois qui a été marqué ces derniers temps par des départs de certaines personnalités proches du pouvoir vers l’opposition pour diverses divergences avec le locataire du Palais du bord de la Marina, explique en grande partie cette perception ambiante des choses.
Avec latribuneafrique