Le Parlement béninois a créé la surprise mardi soir en refusant d’examiner le projet de révision de la Constitution, un projet phare du président Patrice Talon qui souhaite notamment la mise en place d’un mandat présidentiel unique.
Le rapport de recevabilité du projet de révision de la Constitution a été soumis mardi 4 avril au vote du Parlement béninois, première étape décisive en vue de l’adoption du texte. Pour être examiné sur le fond, celui-ci devait recueillir les trois quarts des voix de l’Assemblée nationale. Or soixante députés se sont exprimés en faveur de l’étude du texte, 22 contre et un s’est abstenu, en deçà de la majorité requise.
« C’est un échec pour le gouvernement, une gifle », a confié un député à l’AFP, sous couvert d’anonymat. »Voilà un problème de réglé », a soupiré quant à lui le président du Parlement à l’issue du vote, tard dans la soirée.
« Il s’agit d’une victoire pour le peuple béninois », exulte Léonce Houngbadji, président du Parti pour la libération du peuple (PLP), parti d’opposition, qui a mené une campagne active contre le vote de cette loi. Joint par l’AFP, le responsable politique a assuré que « la veille (sur le texte) sera maintenue » et que ses partisans garderont « la pression sur les députés ».
Incidents lors de la séance
La séance plénière, qui a duré toute la journée de mardi, a été le théâtre de vifs débats entre les députés et a été interrompue à deux reprises.
Avant de parvenir à ce vote, les députés ont eu de chaudes empoignades après des déclarations de l’une d’entre eux, Rosine Vieyra Soglo qui déclarait que « tous les députés ont reçu de l’argent pour voter » en faveur du projet.
Ses collègues ont regretté cette accusation, invitant la députée de l’opposition et ex-première dame à présenter des « excuses publiques », qualifiant ses propos de « surprenants et outrageux ».
Référendum
Le président Patrice Talon, qui porte cette réforme, avait décidé de faire approuver le texte par l’Assemblée nationale, où il dispose d’un fort soutien, plutôt que d’organiser un référendum, comme il l’avait promis l’an dernier à son arrivée au pouvoir.
Les détails du nouveau projet de Constitution ne sont pas connus du grand public ; on sait cependant qu’il prévoit notamment une discrimination positive en faveur des femmes dans le monde politique, un financement public des partis ainsi que la mise en place d’un mandat présidentiel unique, l’une des promesses de campagne de Patrice Talon.
Vives contestations
Le fait de ne pas soumettre la réforme au vote populaire, l’opacité des textes et l’idée d’un mandat présidentiel unique ont suscité de vives protestations au Bénin ces dernières semaines.
La semaine dernière, le ministre de la Défense Candide Azannai, soutien de la première heure de Patrice Talon, a démissionné, justifiant sa décision par le contexte social et économique tendu.
Trois jours plus tôt, le Parlement avait rejeté à l’unanimité la demande d’examen en procédure d’urgence du projet de révision constitutionnelle.
Avec Jeuneafrique