Doit-on désormais douter des chiffres ou évaluations du Fonds Monétaire International (FMI) sur la situation économique du Bénin ? Les opinions du FMI doivent-elles variées d’un régime à un autre ? Qu’est-ce qui s’est réellement passé pour qu’en l’espace de trois mois, l’institution puisse ravaler ses vomissures ? Ces questions méritent d’être posées au regard du rétropédalage constaté actuellement dans ses appréciations sur la situation économique du Bénin. «Je n’ai jamais entendu le FMI critiquer ou désavouer la politique économique de Boni Yayi. Il a suffi qu’il quitte le pouvoir pour que ce même FMI se mette à tirer à boulets rouges sur sa gestion», fait observer le journaliste Patrick Adjamonsi sur sa page facebook. De quoi s’agit-il, en réalité ?
A la demande du gouvernement béninois, une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Christine Dieterich, chef de mission pour le Bénin, a séjourné à Cotonou du 6 au 18 juin pour entamer des discussions avec les autorités sur un programme économique triennal éventuel soutenu par le mécanisme de Facilité élargie de crédit (FEC).Au terme de la mission, Christine Dieterich a fait une déclaration. Il en ressort que «le gouvernement a trouvé une situation macro-économique et de trésorerie difficile à sa prise de fonction en avril 2016». Ce n’est pas tout. «En particulier, alors que la politique budgétaire était en général saine les années antérieures, le déficit budgétaire s’est creusé à environ 8½ pour cent du PIB en 2015, avec la continuation des dépassements de dépenses au premier trimestre de l’année 2016. Cette accentuation du déficit budgétaire a été financée par de fortes émissions d’obligations sur le marché financier régional, augmentant considérablement le service futur de la dette. Pire, au cours du dernier trimestre 2015 et du premier trimestre 2016, des contrats ont été signés pour des projets hors budget à hauteur d’environ 24 pour cent du PIB. Ces prêts sont coûteux et ont des échéances courtes. En raison de la classification à tort de ces arrangements comme étant des PPP, les procédures de passation des marchés standard ont été contournées, ce qui soulève des préoccupations graves quant à leur gouvernance et à leur qualité», lit-on dans ladite déclaration. «En dépit de cette politique budgétaire expansionniste, la croissance en 2015 s’est, selon les estimations, décélérée à environ 5 pour cent, alors que s’amorçait un ralentissement au Nigeria – le principal partenaire commercial du Bénin. Pour l’année 2016, avec la poursuite de la décélération de la croissance au Nigeria, la croissance du Bénin devrait se situer dans une fourchette de 4,5 à 5 pour cent. En outre, la pauvreté s’est aggravée depuis 2011 au regard de l’enquête sur les ménages de 2015. L’inflation est restée modérée en dépit d’une hausse récente liée à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et énergétiques. Le gouvernement a pu suspendre la majorité (20 pour cent du PIB) des projets opaques hors budget, vu que leur mise en œuvre n’avait pas encore commencé…», a précisé Christine Dieterich.
Avec Acotonou