La rencontre le 18 avril entre Patrice Talon et Thomas Boni Yayi organisée par Alassane Ouattara et Faure Gnassingbé le 19 avril dans la résidence privée du chef de l’Etat ivoirien à Abidjan est l’aboutissement d’une longue médiation qu’il a menée avec son homologue togolais.
C’est cette même médiation, entamée à la demande des deux meilleurs ennemis avant même celle initiée par Abdou Diouf, ex-secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) début 2014, qui avait favorisé le retour de Talon à Cotonou dans de bonnes conditions en octobre 2015. « Depuis, le deux avaient émis le souhait de se parler mais cela ne s’était jamais concrétisé, raconte un proche du dossier. Après le tête-à-tête qui a eu lieu en marge de l’investiture du 6 avril lors duquel ils ne s’étaient presque rien dit, Talon comme Yayi ont de nouveau sollicité les médiateurs pour que la rencontre ait lieu. »
La raison ? le premier sait qu’il ne peut gouverner le Bénin, et notamment le Nord, sans un Yayi conciliant. Ce dernier était inquiet des multiples attaques proférées par des proches du nouveau président à son encontre et conscient qu’il ne peut prétendre à un poste international sans faire la paix avec lui. Depuis le 19 avril, la date précise n’a été fixée que quelques jours avant, c’est officiellement chose faite. Dans les salons de la résidence d’ADO, d’abord entourés de Solitoki Esso, ministre d’Etat en charge des affaires présidentielles du Togo, de Reckya Madougou, ancien garde des sceaux et ministre de la Justice du Bénin, des ministres ivoiriens de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, et des Affaires étrangères, Mabri Toikeusse, puis des seuls présidents ivoirien et togolais, les anciens amis se sont parlés franchement pendant près de 4 heures.
Que se sont-ils vraiment dit ? Au terme du déjeuner offert, les frères ennemis béninois se sont embrassés comme du bon pain, mais n’ont pas été très bavards. De bonne source, le nouveau maître du Bénin s’est engagé à laisser son ex-accusateur vivre tranquillement au pays sans craindre aucune poursuite judiciaire. Et il lui a promis qu’il le soutiendrait dans ses démarches pour obtenir un poste à l’ONU ou à l’UA. De son côté, l’ancien président s’est engagé à ne pas empêcher son successeur de travailler, et, au contraire, à l’appuyer dans ses réformes et à lui prodiguer des conseils. Aucun document n’a été signé, mais les médiateurs ivoirien et togolais veilleront à la bonne application de cet accord verbal.
La hache de guerre est-elle désormais enterrée ? « Il reste encore des détails importants à régler et il faudra surveiller le comportement de ceux dans leur entourage qui font leur marché sur cette opposition. Mais nous avons fait un grand pas en avant », résume ce protagoniste de la médiation.
avec jeuneafrique