Dans le discours annuel sur l’état de la nation qu’il a prononcé ce jeudi 26 décembre devant le parlement, le président béninois s’est montré très satisfait de son bilan à la tête de l’Etat. A mi-mandat, Patrice Talon s’est engagé à poursuivre la mise en œuvre de son programme de rupture, en dépit des critiques de l’opposition et aussi de certains défis sociaux qui persistent encore.
C’est un message à la nation qui vaut un bilan de mi-mandat pour Patrice Talon. Ce jeudi 26 décembre dans la matinée, le chef de l’Etat béninois était devant les députés pour prononcer le traditionnel discours sur l’état de la nation. Il s’agit du troisième exercice du genre pour le président Talon, et qui coïncide avec la moitié de son premier mandat. L’occasion pour le chef de l’Etat d’évoquer les grandes réalisations de ses trois années de règne ainsi que des perspectives pour la suite du mandat, particulièrement pour ce qui est de l’année qui commence bientôt et qui sera celle des élections législatives prévues en mars prochain.
En parlant de bilan justement, c’est à un auto satisfecit que le président Talon s’est livré du haut de la tribune du Parlement. Avec un ton des plus solennelles, parfois empreint d’une certaine gravité, il a évoqué toutes les actions menées par le régime dit de « la rupture », ainsi que les résultats atteints par son programme, « le Bénin relevé ».
« En venant m’acquitter, pour la troisième fois, de ce devoir que m’assigne la Constitution, je veux, avec vous et avec notre peuple, célébrer la République. Car, c’est elle qui nous unit et nous motive au-delà de nos divergences », a annoncé d’emblée le chef de l’Etat, ajoutant au passage que « c’est donc avec gravité et fierté », qu’il se soumet à l’exercice.
Pour Talon, la gravité du contexte tient aux efforts continus et soutenus qui sont nécessaires pour redresser durablement l’économie, améliorer les conditions de vie des populations et conférer « grandeur et honneur à notre pays ». « Fierté parce que je peux, comme vous et comme l’ensemble de nos concitoyens, observer que les fruits de nos efforts se révèlent de plus en plus dans maints domaines, signe que nous sommes dans la bonne direction et qu’à ce rythme, l’espoir est permis », a poursuivi le chef de l’Etat.
Bilan à mi parcours flatteur
De la gouvernance politique en passant par les réalisations socioéconomiques et l’image du Bénin à l’international, le président Talon a passé en revue tous les volets de la vie de la nation. Au final un bilan somme toute flatteur que le chef de l’Etat a certes imputé le mérite, « à tous », tout en prenant bien soin d’en faire la part belle à son régime car comme il l’a lui-même dit, évoquant le niveau sécuritaire, « pour y arriver, il a fallu prendre les mesures hardies, investir, bousculer les habitudes, redonner confiance et dignité à nos forces de sécurité et de défense ». Selon le chef de l’Etat, sur le plan socioéconomique également, il y a dans beaucoup de domaines, « des raisons d’être satisfaits ».
« Grâce aux réformes engagées, notre pays évolue à grand pas vers le respect des principaux standards internationaux à travers la mise en place d’outils appropriés. Toute chose favorable au climat des affaires et à la promotion des investissements. Plus concrètement, les réformes ont permis de relancer effectivement notre économie. En témoigne l’évolution du taux de croissance, passé de 2,1% en 2015 à 6,5% au moins en 2018. Cette tendance haussière irréversible permettra indubitablement à notre pays de franchir, en 2019, le seuil de 7%, nécessaire pour engager durablement une réduction de la pauvreté », a détaillé le chef de l’Etat Patrice Talon.
Dans son discours, le président Talon a rappelé, les importants moyens financiers qui ont été engagés par son gouvernement, dans les domaines de l’éducation, de la santé ainsi que des autres secteurs sociaux notamment l’accès à l’eau potable et à l’électricité. Il en est de même concernant les infrastructures ou les actions menées pour réduire la pauvreté, renforcer la productivité agricole et industrielle, et améliorer le climat des affaires afin d’attirer plus d’investissements. Des réalisations qui ont permis de réduire le taux de chômage notamment chez les jeunes, à qui de nouvelles opportunités ont été offertes à travers l’assainissement du secteur de l’éducation mais aussi de la formation.
S’agissant des réformes, Patrice Talon s’est largement penché sur l’assainissement des finances publiques. « C’est un domaine dans lequel l’action du gouvernement a provoqué beaucoup de grincements de dents, de la part des agents publics comme de prestataires de l’Etat », a-t-il reconnu.
Pour le président béninois, cela s’explique par le fait qu’avec la volonté du gouvernement de mettre fin à la gestion approximative des finances publiques, de mener une lutte implacable contre la fraude et l’évasion fiscale, de dématérialiser les procédures, dans un contexte où le maître mot était le laxisme et les compromissions de toutes sortes, « il va sans dire que toute action visant à instaurer la rigueur et la transparence, est forcément perçue comme trop contraignante ».
Patrice Talon a évoqué un autre sujet sensible, celui de la lutte contre la corruption qui s’est matérialisé par la création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), une institution qui a fait beaucoup jaser dans les rangs des opposants, surtout au regard de ses premières victimes. Mais pour Talon, cette juridiction, s’est révélée comme «un précieux instrument de lutte contre la corruption et dont le travail de salubrité que nous pouvons tous observer renseigne qu’elle manquait à l’édifice juridictionnel de notre pays ».
Faire mieux et encore plus
Le président Talon a également évoqué dans son discours, les réformes politiques qu’il a initié durant ses trois années de mandat, et s’est montré là-aussi satisfait des résultats, bien que les critiques fusent encore.
« L’assainissement ne s’est pas seulement limité aux finances publiques et à la gouvernance économique. Il a également pris en compte le système politique jusqu’ici marqué par une multiplication à outrance des partis et, partant, leur inaptitude à animer réellement le débat politique. Au nombre de ces réformes, figure le vote des lois portant respectivement charte des partis politiques et code électoral en République du Bénin. Si la première a déjà commencé à produire ses effets, avec la recomposition qualitative amorcée du paysage politique, ceux de la seconde seront mis en évidence à l’occasion des élections législatives de l’année prochaine, pour lesquelles mon gouvernement jouera pleinement sa partition », s’est engagé le président Patrice Talon.
« Le Bénin, mieux que par le passé, attire de plus en plus positivement l’attention sur lui » a mis en avant Talon en parlant de l’action diplomatique de son régime, et à coup de rappels d’indicateurs, de classements et d’appréciations d’institutions internationales sur les réalisations enregistrées, il a estimé que « les fondations pour un développement économique et social harmonieux de notre pays se consolident ».
Pragmatique, il a plaidé pour accélérer le processus. En effet, a estimé Talon, « au regard du niveau d’assainissement atteint en moins de trois ans, avec les nouveaux réflexes vertueux qui font leur retour, fort des programmes sociaux en cours de mise en œuvre, notre pays offrira de plus en plus les meilleures conditions de vie à ses filles et ses fils ».
Avec la tribune afrique