Le gouvernement tanzanien semble résolu à « blinder » son secteur bancaire, en témoigne la révocation de licences de 5 banques communautaires par Dodoma. Une décision justifiée par la faible capitalisation des établissements et porte le nombre de banques touchées par cette « purge » à huit depuis le début de 2017.
La Banque centrale de Tanzanie vient d’annoncer la révocation des licences de cinq banques communautaires « sous capitalisées », afin de protéger la stabilité financière de la troisième économie d’Afrique de l’Est. Le pays compte quelques 40 banques commerciales et une douzaine de banques communautaires.
Stabiliser le système financier à tous prix
Ces derniers sont des établissements qui ciblent l’épargne de communautés ou de secteurs spécifiques tels que l’agriculture, alors que le secteur financier au sens traditionnel du terme reste largement dominé par une poignée de grandes banques. Le régulateur du secteur a ainsi décidé de la liquidation de la Convenant Bank for Women, l’Efatha Bank, la Njombe Community Bank, la Kagera Farmer’s Cooperative Bank et la Meru Community Bank.
Selon la Banque centrale, ces banques seraient « gravement sous-capitalisées » et leur permettre de de poursuivre leurs opérations vu la situation actuelle de leur capital pourrait s’avérer « préjudiciable aux intérêts des déposants et pose un risque pour la stabilité du système financier ». Cette décision vient après que le président John Magufuli ait ordonné à la Banque centrale de prendre des mesures contre les institutions financières défaillantes.
Blinder la croissance
Ces révocations portent ainsi à huit le nombre de banques ayant vues leurs licences commerciales annulées depuis 2017. Ce mouvement s’explique par les avertissements adressés à Dodoma contre une forte augmentation des créances douteuses conjuguée à une forte baisse des crédits au secteur privé qui pourraient compromettre la croissance économique du pays. D’ailleurs, la Banque centrale avait dès juin dernier annoncé l’entrée en vigueur de nouvelles règles pour les tampons de fonds propres.
L’objectif du régulateur était d’obliger les banques à détenir plus de capitaux, pour leur permettre de résister aux chocs financiers découlant d’une forte hausse des prêts improductifs. Le gouvernement tanzanien vise ainsi à renforcer la résilience de sa croissance qui s’est établie à 6,8% au premier semestre 2017, contre 7,7% lors de même période en 2016. Le FMI avait pour rappel déclaré en décembre dernier que le secteur bancaire tanzanien était bien capitalisé, tout en alertant Dodoma sur les importantes réductions de ratios de capitalisation enregistrées au niveau des petites et moyennes banques.
Avec latribuneafrique