Pour échapper au ménage énergique de la banque centrale russe qui accable les établissements jugés trop fragiles, Promsvyazbank, une banque privée Russe, a décidé de se lancer sur le marché africain qu’elle juge prometteur. Quelques défis demeurent cependant pour l’institution financière privée russe. Détails.
Promsvyazbank veut figurer sur la liste des fleurons de l’économie russe présents en Afrique. Elue meilleure banque du géant eurasiatique dans le domaine de la gestion et de la trésorerie par le magazine de finance internationale Euromoney en 2016, l’institution financière privée russe cherche à développer ses activités sur le continent africain, un terreau fertile pour la banque.
En Afrique, la banque est très sollicitée par ses clients russes de plus en plus nombreux sur le continent alors que la demande de prêt en Russie auprès de l’établissement est très timide. Les russes vivent dans la hantise de la crise. Le pays de Vladimir Poutine subit de plein fouet la chute des cours du pétrole et les sanctions occidentales suite à l’annexion de la Crimée.
L’Afrique, un marché juteux pour les banques
« Il y a un intérêt croissant pour l’Afrique parmi les clients (russes) », a déclaré à Reuters Alexander Meshcheryakov, responsable de la transaction, des entreprises documentaires et internationales à Promsvyazbank. Selon toujours Meshcheryakov, « De nombreux clients nous demandent de les aider à financer leurs projets dans la région.»
Mais d’autres motifs pourraient expliquer la volonté de Promsvyazbank de venir s’établir en Afrique. Les économies africaines devraient croître plus rapidement que l’économie mondiale au cours de la prochaine décennie selon les institutions de Brettons Woods. D’après les estimations de la Banque mondiale, les économies des pays africains augmenteront de 4 à 7 pour cent par an d’ici 2019 alors que l’économie russe, à partir de deux années de contraction, devrait augmenter de moins de 2% en 2017.
C’est ce que confirme d’ailleurs Meshcheryakov qui estime que « l’Afrique est essentiellement l’une des régions les plus dynamiques et pourrait être la seule région économique qui n’a pas encore débloqué son potentiel … Du point de vue de la croissance, elle est probablement la plus prometteuse sur la carte du monde.»
L’offensive Poutine en Afrique
Cependant, il faut signaler que sur le continent, Promsvyazbank sera en sentier battu. D’autres banques russes opèrent déjà dans la région, comme VTB, Gazprombank et Renaissance Capital. La deuxième plus grande banque de Russie, VTB, a ouvert sa filiale Bank VTB-Africa en Angola en 2006, principalement axée sur la banque d’affaires et l’investissement. Gazprombank Africa, une filiale du troisième plus grand prêteur de Russie Gazprombank, est basée en Afrique du Sud depuis 2014. La banque d’investissement RenCap dispose de bureaux au Kenya, au Nigéria et en Afrique du Sud.
La ruée de banques russes vers l’Afrique est le résultat des politiques d’allégements fiscaux initiées par de nombreux Etats africains pour attirer les investisseurs étrangers y compris russes. Une orientation économique qui épouse parfaitement la politique extérieure expansionniste de Poutine qui cherche à avancer ses pions économiques en Afrique afin de renforcer sa présence sur le continent. Une présence déjà marquée dans certains pays africains. Les fleurons de l’économie russe sont en effet disséminés partout en Afrique. Le géant gazier Gazprom est présent en Algérie. La firme Severstal, spécialisée dans la sidérurgie, est très active au Libéria et au Mali sans oublier la présence au Nigéria, du producteur d’aluminium Rusal, et l’implantation de la multinationale russe Alrosa en Angola.
En termes d’engagements en Afrique, Promsvyazbank compte se concentrer « pour l’instant » sur le financement de projets, mais pourrait éventuellement envisager d’ouvrir une succursale sur le continent.
Avec latribuneafrique