La Banque Européenne d’Investissement (BEI) a organisé à Yaoundé au Cameroun, un forum d’échange des experts de la filière coton-textile locale. A cette occasion, elle a récolté des éléments sur le contexte du secteur, de la part des acteurs directs, notamment les producteurs, du segment développement, qui est piloté par la Société de Développement du Coton (Sodecoton) et du secteur de la transformation. Objectif visé : améliorer l’accès de la filière aux financements.
L’institution de financement de l’Union Européenne en a profité pour présenter des initiatives qu’elle pilote en faveur du développement des filières agricoles en Afrique. C’est notamment le cas du nouveau Plan Européen d’Investissement, qui souhaite stimuler l’investissement en Afrique et dans les pays voisins de l’UE, en privilégiant le développement des infrastructures sociales et économiques et des PME, par la levée des obstacles à l’investissement privé.
Le programme régional (PEI) dispose d’une enveloppe globale de 3,5 milliards d’euros, et pour le Cameroun, la BEI a semblé vouloir s’y engager en cohésion avec les autres bailleurs de fonds intervenant dans le pays. Les défis ne sont pourtant pas simples. La filière Coton Textile camerounaise présente de nombreuses opportunités de rentabilité. Mais elle nécessite aussi de gros financements et fait face à de nombreuses complexités, financières et non financières.
Des acteurs financiers locaux notamment, interviennent déjà sur la chaîne de valeur, notamment des banques qui se sont mises en pool, pour accorder des financements, surtout à la Sodecoton. Le dernier financement en date est celui apporté par la filiale camerounaise de Standard Chartered Bank, avec un appui de la Société Financière Internationale (SFI). Mais pour la plupart, ce sont des crédits de campagne qui ciblent davantage le segment commercialisation, garantissant un niveau de remboursement optimal.
Des priorités difficiles à identifier
Au niveau de la base de production, le financent est davantage assuré par des micro-finances. Ces dernières font face à des arbitrages difficiles, selon un responsable du Crédit du Sahel, une des micro-finances intervenant sur la chaîne de valeur. Entre les coûts élevés du crédit, la gestion de l’asymétrie permanente d’information et des conditions de collaboration assez complexes avec les producteurs, les objectifs sont atteints au prix de beaucoup d’efforts.
Pour l’institution européenne comme pour les autres bailleurs, la grande question est celle de savoir à quel niveau de la chaîne il lui faudra intervenir pour atteindre ses objectifs et être le plus efficace possible. Si le producteur camerounais de coton ne prend que peu de risque, car on lui finance les intrants et le transport, le faible gain que procure cette activité (au plus 350 000 CFA soit 580 $) à l’hectare, décourage de plus en plus d’initiatives individuelles.
Des besoins exprimés sur toute la chaîne de valeurs
L’autre grand défi est celui de l’écoulement des quantités qui seront produites. Selon la Sodecoton, le volume total de production cotonnière de la précédente campagne, dépasse largement les capacités de transformation de ses usines, en fibres ou en huiles. Ses responsables sollicitent aujourd’hui des appuis urgents, pour améliorer les capacités de ses installations de traitement et des investissements de plus long terme, pour doper d’avantage ses capacités et tenir les ambitions de 600 000 tonnes/an du gouvernement, à l’horizon 2035.
Le dernier défi est celui de la transformation, qui permettrait au coton camerounais de servir le marché local du textile. Il est ressorti de l’intervention des experts que l’outil et les processus de transformation sont vétustes et très peu efficaces. Dans ce contexte, bien que le Cameroun soit un producteur de coton, son marché du textile est dominé à 85% par des produits chinois.
Avec agenceecofin