Suite à l’apparition récente au Mozambique de la fusariose, une maladie mortelle pour les bananeraies, notamment pour la variété de banane la plus populaire au monde, la Cavendish, la FAO, qui a dû intervenir d’urgence dans ce pays début décembre, a lancé hier un appel mondial pour prévenir sa propagation rapide.
La FAO et un groupe d’experts internationaux sont d’accord pour lancer contre la fusariose un programme de lutte qui s’articule sur trois axes: prévention des épidémies futures, gestion des cas existants, et renforcement de la collaboration et de la coordination au plan international entre les institutions, les chercheurs, les gouvernements et les producteurs. Le soutien à la recherche, l’éducation des producteurs et l’aide aux gouvernements pour élaborer des politiques et des réglementations ad hoc nationales pour la prévention de la maladie sont les aspects clés de ce programme.
Coût : $ 47 millions, selon la FAO.
La nouvelle forme tropicale 4 (T4) du champignon est considérée comme une menace grave à la production mondiale de bananes. Celle-ci représente en valeur $ 36 milliards. Outre l’impact sur le commerce mondial, cette maladie va impacterla sécurité alimentaire car rappelons que 85% de la production sont destinées à la consommation domestique.
La propagation de la nouvelle forme de fusariose suscite des craintes quant à une réédition de la flambée du début des années 1900 quand une forme différente du champignon (la forme 1) se répandit comme une traînée de poudre à travers l’Amérique latine, causant des pertes de plus de 2 milliards de dollars et mettant en péril les exportations mondiales de bananes.
Mais les exportations furent sauvées en substituant à la banane Gros Michel – la plus demandée à l’époque– la variété Cavendish, qui résiste à la forme 1.
La Cavendish a, jusqu’ici, bien servi l’industrie mondiale de l’offre et de l’exportation de bananes. Mais la forme 4 du champignon force l’industrie, la communauté scientifique et les gouvernements à trouver, une fois de plus, des variétés alternatives.
Le développement de nouvelles variétés de bananes n’est pas chose facile et prend du temps en raison de problèmes de stérilité, souligne la FAO dans son communiqué. Aussi, les scientifiques doivent-ils déployer des efforts supplémentaires pour développer des variétés de bananes qui soient à la fois au goût du consommateur et résistantes aux maladies. Une telle variété, dont le nom de code est GCTCV-219, et qui ressemble à la Cavendish dans le goût et la forme, a été développée par des mutations induites. Elle est destinée à être plantée dans les champs infestés aux Philippines pour être ensuite exportée au Japon.
Les experts préviennent que la panacée à la fusariose ne consiste pas seulement à produire une nouvelle variété résistante, mais également à rendre les systèmes de production de bananes, dans leur ensemble, plus diversifiés et résilients génétiquement.
Une meilleure utilisation des variétés locales disponibles est essentielle à la fois pour renforcer la résistance aux maladies et prévenir l’insécurité alimentaire et les pertes économiques importantes. De nombreuses variétés sauvages de bananes et de bananes plantains ne sont pas comestibles mais détiennent un riche matériel génétique inexploité qui, grâce à des investissements accrus dans la recherche, pourrait être utilisé pour rendre la filière plus résistante à la maladie.
Avec Commodafrica