« Nous sommes très confiants sur le cours du cacao. Ce n’est qu’un accident, ce n’est que provisoire. Si vous prenez le cours moyen du cacao sur 35 ans vous êtes sur $2 800 la tonne. Cela va revenir. Je ne suis pas inquiet » affirmait Remy Allemane, directeur général de KKO International lors de la présentation des résultats annuels de la société.
Toutefois, la baisse de 40% des cours de la fève brune a directement affecté le chiffre d’affaires de KKO international et surtout la valorisation des actifs de la société en phase d’investissement et de plantation. Elle n’a pas facilité aussi la recherche de financement.
Les ambitions restent intactes : fournir aux grands acheteurs, un cacao durable, de qualité et homogène grâce à la mise en œuvre de techniques de production innovantes (cf. nos informations). Elles sont justes un peu retardées. La barre est fixée à 2025 pour atteindre 3 000 hectares de plantation et une production de 15 000 tonnes de cacao
En octobre 2016 est entrée en production la première récolte de cacao avec 130 tonnes de fèves produites. Une première récolte prometteuse avec en moyenne 45 fèves par cabosse, soit 97 fèves pour 100 grammes, le marché exigeant moins de 120 fèves pour 100 grammes. Si les superficies plantées en cacao ont quasiment doublé, passant de 683 hectares en décembre 2015 à 1 115 hectares un an plus tard avec 862 704 arbres sélectionnés, elles sont en dessous de l’objectif fixé. La raison principale réside dans une insuffisance de financement. « En juillet dernier Solea, la filiale opérationnelle de KKO International en Côte d’Ivoire, avait annoncé une émission d’obligations convertibles, qui ne s’est pas concrétisée. Et donc nous n’avons pas planté sur le deuxième semestre 2016, c’est pour cela que le chiffre d’1,2 million d’arbres n’a pas été atteint» indique Rémy Allemane. Il faut ajouter également une mortalité des arbres un peu plus importante qu’habituelle en raison de la qualité du sol de Bocanda. Il s’est avéré que seulement 40% des terres de Bocanda relevaient de la catégorie A (optimum pour la production de cacao). Enfin, des délais plus longs d’arrivée à maturité ont été constatés. Le cacao Mercedes qui a la particularité, en autre, d’avoir un délai de production raccourci à 18-24 mois après sa mise en terre, s’est révélé être plus longue à 30 mois à Bocanda. Au niveau des sous-produits, quelques déconvenues ont été aussi constatées. Avec la sécheresse qui a sévit en 2016, les plantations d’ignames ont été moins nombreuses en raison de l’insuffisance de semences. Résultat, une production divisée par deux par rapport aux objectifs avec moins de 300 tonnes produites.
En 2016 ont été réalisés les investissements dans le laboratoire pédologique et la certification Rainforest. Sur ce dernier point, Remy Allemane souligne qu’elle est importante pour la durabilité de la filière mais aussi car les gros acheteurs, comme Nestlé, Mars, ou autre, payent une prime d’au moins de FCFA 100 le kilo pour du cacao certifié.
Recherche de financement
Avec les premières récoltes de cacao et d’igname, le chiffre d’affaires de KKO International a progressé de 45% à €251 171. Toujours en phase d’investissement et de plantation, le résultat net de l’exercice enregistre une perte de €4 297 401, légèrement inférieur à celle de 2015 (€4 797 086). «Compte tenu de la baisse du prix bord de champ du cacao pour la saison 2017, la mortalité́ et de délais constatés plus longs d’arrivée à maturité́ des cacaoyers, le groupe comptabilise € 1 978 000 de pertes de valeur sur les actifs biologiques en 2016», indique KKO International. En dépit d’un doublement des arbres plantés, la perte des actifs biologiques est conséquente, la valorisation d’un arbre mature passant €12,6 en 2015 à €4,81 en 2016 suite à la baisse du prix bord champ de 36% en Côte d’Ivoire ainsi que du délais plus important d’entrée en production.
En conséquence, depuis son entrée en bourse en octobre 2015 sur Alternext Bruxelles et Paris, le cours du titre a perdu environ la moitié de sa valeur. Une diminution causée principalement par la baisse des cours du cacao mais aussi par l’incertitude des financements et les difficultés d’United Cacao délisté de l’Alternative Investment Market (AIM) de Londres, explique Rémy Allemane.
KKO International a revu son business plan prévisionnel avec un prix de FCFA 700 le kilo de cacao. « Nous commencerons à être en danger, bien endetté, à partir de FCFA 400 le kilo » précise le directeur. En parallèle, Solea a décidé de limiter le développement à Bocanda à 1 500 hectares contre 3 000 hectares initialement prévus. L’acquisition de nouvelles terres est en cour à M’Brimbo et Taabo. Les projets en Equateur et à Madagascar sont suspendus.
Dans l’immédiat, KKO International est à la recherche d’environ €3 millions supplémentaires pour boucler ses besoins de trésorerie et achever ses plantations. Les besoins sont de l’ordre à € 5 à 6 millions pour 2017 et 2018. Une ligne de financement obligataire flexible avec Brackno Fund Ltd pour une montant de € 3,120 millions vient d’être conclue (cf. nos informations), le solde devrait être finalisé en septembre notamment auprès de fonds d’impact environnementaux.
Avec commodafrica