Plus que quelques mois avant la présidentielle du 19 février au Nigeria. Cette échéance, qui cristallisera sans doute les attentions, s’annonce dans un climat hostile notamment sur le plan sécuritaire. Si lors de sa précédente campagne, le président Muhammadu Buhari, candidat à un nouveau mandat – avait promis de rétablir la sécurité, de nouveaux défis sécuritaires se sont ajoutés à son cahier de charges.
Boko Haram n’est pas éteint. En dépit des efforts de l’armée, la secte islamiste maintient la pression sur Abuja à travers des attaques violentes qui arrachent des dizaines de vies dans la région du Nord-Est. Une attaque perpétrée début septembre qui a notamment fait au moins 30 morts dans les rangs de l’armée, vient témoigner de la virulence des filleuls ouest-africains de l’Etat islamique.
Dans cette guerre interminable déclenchée avec l’insurrection du groupe islamiste en 2009, des signes d’agacement se font sentir. Certains soldats ont du reste protesté en août contre leur redéploiement à Maiduguri, ville martyre dans la lutte contre Boko Haram.
Pourtant, le Nigeria n’est pas au bout de ses peines. En janvier, un autre conflit a surgi dans la ceinture centrale du pays, entre les communautés agricoles chrétiennes et les nomades peuls. Cette guerre communautaire, liée au foncier, a déjà fait des centaines de morts. Mi-octobre, une cinquantaine de personnes ont été tuées dans l’Etat de Kaduna à l’issue d’affrontements entre jeunes musulmans et chrétiens. Les mesures ad-hoc dont les couvre-feu ne semblent jusque-là pas apporter de solutions.
À moins de quatre mois de la présidentielle de février 2019, ces crises sécuritaires auxquelles se jumellent une crise économique et un chômage record, sont du pain béni pour les opposants de Muhammadu Buhari. Ils lui reprochent entre autres son laxisme face aux crises qui secouent le pays. Et la liste des griefs contre le président nigérian s’est rallongée ces derniers jours.
Nouveau risque de radicalisation
Abuja, la capitale fédérale est le théâtre de violents affrontements entre l’armée et les partisans d’un groupe religieux chiite qui réclame la libération de son leader. En moins d’une semaine, les affrontements ont déjà fait six morts selon l’armée nigériane, une vingtaine selon le Mouvement islamique du Nigeria (IMN).
Son leader, Ibrahim Zakzaky, conteste l’autorité d’Abuja depuis des années et souhaite établir un Etat islamique chiite à l’iranienne dans un pays où les musulmans sunnites sont très largement majoritaires. Depuis son arrestation en décembre 2015, le sexagénaire qui a perdu un œil dans les violences de 2015, n’a été vu en public que deux fois. Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé la détention du leader chiite illégale et ordonné sa libération. Mais cette décision n’a jamais été exécutée par les autorités nigérianes.
Aujourd’hui, dans un Nigeria fragmenté et qui fait déjà l’expérience de la radicalisation, la répression violente des partisans de ce groupe religieux fait craindre un scénario à la Boko Haram. “Il semble que nous n’apprenons pas de nos erreurs passées”, a déclaré à l’AFP Amaechi Nwokolo, analyste en sécurité à l’Institut romain d‘études internationales d’Abuja.
Les forces de sécurité n’ont “pas le droit d’utiliser cette force maximale” sur des manifestants non armés, a-t-il rappelé, avertissant que cela pourrait “inciter d’autres personnes à se radicaliser”.
“Si nous remontons aux débuts de Boko Haram, ce sont les assassinats de personnes innocentes qui ont galvanisé le recrutement. C’est ainsi que le terrorisme fonctionne”, a-t-il ajouté.
En février 2019, lors de la présidentielle, Muhammadu Buhari affrontera, sous les couleurs de son parti l’APC, Atiku Abubakar, vice-président de l’ancien président Olusegun Obasanjo, de 1999 à 2007. Une occasion pour l’ancien général de défendre son mandat alors que sa cote de popularité est en déclin.
Avec africanews