Les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour Huawei qui voit des marchés majeurs lui filer sous le nez un par un. Le premier équipementier télécom mondial, qui pouvait compter sur l’avènement de la 5G pour remplir son carnet de commandes, doit commencer à se crisper.
L’effet domino craint par les équipementiers réseau chinois (et surtout Huawei), suite à leur exclusion de nombreux appels d’offres aux États-Unis, en Australie ou Nouvelle-Zélande, est en train de se produire. Après le Royaume-Uni hier, c’est au tour du Japon d’envisager la mise au ban de Huawei et ZTE, une fois encore au titre de la protection de la sécurité intérieure. S’appuyant sur l’existence d’une loi qui oblige les entreprises nationales à participer à l’effort de renseignement de la Chine, Washington craint en effet que Huawei profite du déploiement d’infrastructures 5G dans de nombreux pays pour y cacher des backdoors permettant aux services de renseignement chinois de les espionner. Des réticences étasuniennes qui font boule de neige.
Collaboration avec les États-Unis
Bien que le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshihide Suga, n’ait pas souhaité commenter les informations du journal Yomiuri, tout porte à croire que l’exécutif japonais va officiellement écarter Huawei et ZTE de prochains grands contrats dans le secteur des télécoms. Yoshihide Suga a d’ailleurs expliqué que les ministères concernés collaborent étroitement avec les États-Unis sur les sujets de cybersécurité. Si les grands opérateurs japonais que sont NTT DoCoMo et Softbank travaillent avec Huawei et ZTE, ils pourraient avoir à se fournir ailleurs à l’avenir. Il n’est certes pas certain que les équipementiers chinois seront nommément exclus des appels d’offres, mais de nouvelles règles d’attribution des contrats pourraient être imaginées pour les disqualifier d’office.
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En France aussi, Huawei est très surveillé. Si la décision d’exclure l’équipementier des futurs réseaux 5G de nos opérateurs n’a pas été prise, là aussi des règles tacites ont été dictées par le gouvernement et les services de sécurité nationale. Nos confrères des Échos indiquent qu’à Paris, il a été décidé que Huawei pourra faire acte de candidature aux divers appels d’offres, mais que ses équipements ne pourront pas se trouver au cœur des réseaux, ne pas être utilisés sur plus de 50 % des infrastructures des opérateurs, et ne pas être déployés en région parisienne. Des règles que SFR a récemment tenté de contourner en cherchant à remplacer des équipements Nokia par du matériel Huawei. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, aurait rapidement rencontré Patrick Drahi en tête à tête pour l’en dissuader. Il s’agit désormais d’observer comment évoluera la position de la France au sujet de ces équipementiers chinois d’ici à ce que le déploiement des infrastructures 5G standalone débute réellement, ce qui devrait être le cas en 2020.