Encore! Et jusqu’à quand? Des constats, des interrogations, des inquiétudes et surtout de la colère. Ce sont les sentiments qui habitent le plus les Burkinabè qui se retrouvent à pleurer des morts, une fois de plus en début d’année, comme le 16 janvier 2016 avec l’attaque du restaurant café Cappuccino qui a fait 30 morts. Mais cette fois-ci, en plus des innombrables attaques terroristes qui ont autant endeuillé le sahel burkinabè et celle du café Aziz Istanbul situé comme le Cappuccino sur l’Avenue Kwamé Nkrumah de Ougadougou et qui s’est soldé dans la nuit du 13 au 14 août 2017, par 18 morts, le Burkina Faso a été frappé en plein cœur de son système de défense. Les assaillants ont pris pour cible, l’Etat-major général des armées. Ni plus ni moins! Et presque simultanément, en ce vendredi noir du 2 mars 2018, un autre groupe canardait le bâtiment de l’ambassade de France au Burkina, à moins d’un kilomètre, du Saint des saints de l’armée burkinabè. Cette double attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) dirigé par Iyad Ag Ghali a fait 7 morts du côté des Forces de défense et de sécurité burkinabè et 9 chez les assaillants. Abasourdis par cette attaque d’une rare violence mais surtout d’un culot exceptionnel, compte tenu de l’envergure des citadelles prises d’assaut par les djihadistes, les Burkinabè ont compris ce dimanche 4 mars 2018 que les dieux de la sécurité ont comme déserté leur pays. En effet, à en croire des versions divergentes du gouvernement et du service de communication de la gendarmerie nationale, les barrières protégeant la voie d’accès au palais présidentiel ont été forcées et un individu aurait été abattu sur les lieux.
Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond! L’armée dont les éléments, malgré leur faiblesse face à la puissance de feu et les ruses de leurs ennemis ont une fois de plus fait preuve de bravoure pour neutraliser les assaillants. Et ceux-ci seraient pour la plupart d’origine burkinabè. Ils auraient même bénéficié de complicité dans cette opération, car ayant comme une bonne connaissance des lieux et visant du reste une salle particulière qui devait abriter une réunion de cadres de la force du G5 Sahel. Trop de ramifications qui résument l’état de l’armée burkinabè que d’aucuns disent politisée, divisée et surtout touchée par divers facteurs dont le manque de matériels adéquats et un service de renseignements peu efficace. Pire, des militaires radiés suite à la mutinerie de 2011 qui avait sérieusement ébranlé le pouvoir de l’ancien président Blaise Compaoré figureraient dans les rangs des assaillants. Mais cette information est loin d’être un scoop, notre confrère «Le Dossier» l’ayant déjà révélé à la manchette de son Numéro 09 de Novembre 2017, sous le titre «Attaques au Burkina: Des militaires radiés parmi les assaillants». En tout cas, l’armée burkinabè, en plus de l’aide des populations au sein desquelles se cachent les terroristes, a besoin d’une thérapie de choc, elle qui a été affectée d’abord par la désincarnation du Régiment de sécurité présidentielle, ensuite par la décapitation du fait de l’implication présumées de nombre de ses hauts cadres dans le coup d’état manqué de septembre 2O15, ou encore l’envoi en ambassade de certains de ses officiers supérieurs, etc. On ne saurait occulter la suspicion constante qui règne dans ses rangs, depuis l’affaire de tentative de déstabilisation dont est accusé l’ancien ministre de la Sécurité sous la transition, le Colonel Denise Auguste Barry.
Il urge d’arrêter de perdre du temps sur la recherche de boucs émissaires. L’heure utile est plutôt celle des stratégies afin d’éloigner la psychose, l’un des objectifs des terroristes de notre pays, en remettant de l’ordre dans la maison, au risque de rendre les populations qui ont toujours su montrer une résistance farouche au terrorisme, nostalgiques de l’ancien pouvoir à qui il est reproché d’avoir «pactisé» avec les «forces du mal», mais qui a eu le mérite de maintenir le Burkina Faso sur un ilot de sécurité dans un océan houleux de velléités djihadistes. Sinon, même la force du G5 Sahel, qui connaît un accouchement difficile butterait contre les difficultés à se structurer, des armées de ses pays membres. Pour l’instant, c’est la révolte contre les terroristes, mais une grande inquiétude qui sont les choses les mieux partagées aujourd’hui par les Burkinabè. En attendant même l’explosion d’une petite bouteille de gaz, comme ce fut le cas, cette nuit de dimanche 4 mars, dans les environs du site du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao), crée la panique.
Avec burkinaonline