Intervenant ce jeudi 08 octobre 2015 au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire lors de la 11ème édition du forum African Telecom People, le ministre ivoirien de la Poste et des TIC, Bruno Koné, a affirmé que les Ivoiriens adoptent progressivement le paiement mobile. Il a annoncé qu’aujourd’hui, la Côte d’Ivoire compte plus de sept millions d’utilisateurs actifs du paiement mobile. « La Côte d’Ivoire enregistre huit milliards de francs Cfa de transactions financières quotidiennes via le paiement mobile », a déclaré le ministre pour montrer comment le paiement mobile entre dans le quotidien des Ivoiriens et peut contribuer à la vulgarisation du le commerce électronique en Afrique. Le thème du forum était en effet « E-Commerce en Afrique, 2015, l’année de décollage ? ». Selon les chiffres du régulateur télécoms l’ARTCI, au 30 juin 2015, la Côte d’Ivoire comptait exactement 7 262 323 abonnés au Mobile Money. Soit 3 810 693 abonnés pour Orange, 3 198 209 pour MTN et 253 421 pour Moov.
Pour Bruno Koné, les besoins des Africains s’internationalisent de plus en plus et le commerce électronique prend progressivement des ailes. « Nos populations sont jeunes et les ¾ de nos populations ont moins de 35 ans et sont mieux formés », observe le ministre ivoirien. L’optimisme de Bruno Koné va plus loin : « l’e-Commerce a un avenir radieux en Afrique. Nos pays vont faire l’impasse de la grande distribution pour l’ e-Commerce. Je ne dis pas qu’elle va disparaître (…) », a lancé Bruno Koné aux participants d’ATP 2015.
Mais pour qu’il y ait une véritable adoption de l’e-commerce en Afrique, il y a des défis que doivent relever les Etats africains, y compris la Côte d’Ivoire. Le premier défi étant celui de la connectivité et de la disponibilité du haut débit. Occasion pour le ministre de faire le point sur les projets de fibre optique du pays.
Aussi, le défi réglementaire. Il s’est ainsi félicité de la loi sur le E-commerce en vigueur dans son pays. D’après Bruno Koné, la Côte d’Ivoire sait aujourd’hui comment traquer les cybercriminels et cette loi donne au juge « un pouvoir quasi-juridictionnel ». Ces cybercriminels peuvent être jugés en première instance, se réjouit-il. Mais, de l’avis des participants, les textes ne reflètent pas toujours les réalités du secteur.
Les autres intervenants au forum n’ont donc pas manqué de soulever ce casse-tête de réglementation qui généralement n’est pas toujours à jour avec l’évolution des technologies. Un sujet sur lequel le producteur exécutif du forum ATP est revenu lors de son discours d’ouverture.
Oswald Louéké a rappelé que « malgré l’élaboration par certains pays des textes légaux pour encadre les projets d’e-commerce, on peut citer l’Afrique du sud, le Cameroun ou le Sénégal, la gestion des litiges reste l’épine dorsale des transactions électroniques ». Par exemple, « ces textes n’engagent aucune disposition susceptible de garantir le business, mais sont presque tous fondés sur une seconde approche répressive. La grande question demeure : que fait-on concrètement en cas de litige ? ». D’après Oswald Louéké, une approche plus incitative, ouverte mais rigoureuse, garantira les échanges commerciaux par une bonne gestion des litiges et découragera ces milliers de fraudeurs et de personnes mal intentionnées qui sont à l’affût de la moindre faille dans le système.
Autre défi évoqué par Ismaël Rebiere, Country Manager de Kaymu en Côte d’ivoire, le défi de la livraison des produits achetés via le paiement mobile. L’absence d’adressage pose un problème d’après lui. Pour contourner cette difficulté, Kaymu a choisi de s’orienter à partir des pharmacies de chaque quartier. « Nous appelons le client qui a commandé un produit en ligne en lui demandant soit de nous retrouver à la pharmacie la plus proche ou encore de nous indiquer sa localisation à partir de ladite pharmacie », a expliqué Ismaël Rebiere qui ajoute que parfois l’accès à la destination des clients n’est pas toujours évident. Celui-ci est d’ailleurs arrivé sur le panel sur des béquilles avec un pied malade, parce qu’il a fait un accident avec la moto alors qu’il se rendait à la livraison chez un client, dit-il… Pour lui, il faut donc tout faire pour satisfaire le client et gagner sa confiance, préalable pour que les potentiels clients qui craignent la disparition de leur argent, changent les habitudes et adoptent le commerce électronique.
En général, le forum ATP de 2015 a permis aux participants d’évoquer les réalités, défis et perspectives de l’e-commerce en Afrique. Et pour cela, plusieurs experts africains, dont le vice-président de l’Icann pour l’Afrique, Pierre Dandjinou, ont fait le déplacement d’Abidjan.
Les organisateurs du forum ont clôturé la journée par l’attribution des Awards aux acteurs africains des TIC et télécommunications qui se sont distingués durant l’année.
Avec AgenceEcoFin