Comprendre l’approche africaine de la ville intelligente. Une démarche pas toujours des plus aisées. Car elle fait émerger plusieurs questionnements, les projets de smart city initiés à travers le monde ayant connu des sorts divers. Alors quand les ATDA Abidjan 2018 choisissent de plancher sur la question, c’est tout naturellement que les approches varient d’un acteur à l’autre.
Partageant l’expérience d’Orange Côte d’Ivoire au cours du panel 1 des ATDA Abidjan 2018, Habib Bamba a fait observer que l’utilisation des technologies ouvre de nouvelles opportunités pour les villes en matière de santé, de transport et d’éducation.
« Comment allons-nous utiliser la connectivité, les données pour régler ces problèmes de base ? Quelles sortes d’usage concret aurons-nous sur le continent ? Que vont être nos villes intelligentes ? » s’est interrogé le directeur de la transformation, du digital et des médias chez Orange Côte d’Ivoire. Non sans démontrer comment les opérateurs télécoms se trouvent au cœur de la ville intelligente, en soutenant « des projets concrets qui vont permettre de mettre les technologies au service des populations ».
Pour illustrer son propos, M. Bamba s’est servi de l’application Flux vision, une offre Big data qui permet de suivre le déplacement des populations. Selon lui, Flux vision a été mise à la disposition de l’Institut national de la statistique ; elle a aussi été utilisée dans le cadre de la construction du troisième pont baptisé « Pont Henri Konan Bédié ». Elle a également servi la Société des transports abidjanais (Sotra) pour assurer la fluidité de son trafic.
En outre, Habib Bamba a souhaité que les projets de villes intelligentes soient portés par les gouvernements. Il faut « avoir un plan national en lien avec les objectifs nationaux ; il faut des structures qui portent le numérique et qui s’assurent que les besoins locaux sont satisfaits et pris en compte », a-t-il affirmé.
Synergie opérateurs mobiles/BTP
Représentant de MTN Côte d’Ivoire à cette conférence, M. Éric a insisté sur la synergie entre opérateurs mobiles, qui doit permettre de réduire la fracture numérique. « Pour que la ville soit intelligente, dira-t-il, il faut travailler sur la connectivité sans laquelle on ne peut être à l’écoute des populations. »
Une approche que les opérateurs devraient maximiser pour trouver des solutions qui facilitent l’ajout de connectivité et de partage d’infrastructures essentielles : « Depuis quelques années, on tend vers une mutualisation des infrastructures pour aller plus vite », a continué le cadre de MTN.
Pour se donner les moyens de servir les villes de la prochaine génération, M. Éric réclame également une synergie d’actions entre opérateurs mobiles et BTP, afin que les infrastructures routières et numériques se construisent et se développent ensemble.
Il a aussi déclaré qu’ « il faut travailler à avoir des contenus locaux ; il faudrait éviter de faire la course à la fibre [optique] mais aux contenus » et aux « applications qui sont consommées en fonction des usages ». M. Eric a enfin insisté sur l’accompagnement des startups à pouvoir créer les services qui seront utilisés dans une ville connectée.
Infrastructures existantes
Plutôt que la ville intelligente, Loic Mahut « préfère de loin le concept de smart city qui est une ville agréable à vivre ». Pour y parvenir, le directeur commercial de Sogetrec prône la valorisation des infrastructures existantes à travers les usages. Selon lui, cette approche permettra d’ « avoir une smart city qui, finalement, ne va pas coûter plus chère que ça, en mettant les usages, brique après brique ».
CEO de Yeswecange, Julien Cangelosi a, pour sa part, défini le concept de ville intelligente comme une ville qui concilie le développement urbain et le développement humain, en offrant des solutions aux problématiques économiques, sociales et environnementales.
« La ville africaine doit répondre aux besoins essentiels des populations », a souligné Julien Cangelosi, faisant allusion aux embouteillages et inondations qui attristent la vie des populations ivoiriennes.
« Il n’y a pas de smart City idéale, elle doit s’adapter à son environnement », a martelé M. Cangelosi, dont l’entreprise intervient dans la formation des jeunes au codage. « Les opérateurs apportent les tuyaux, les infrastructures ; nous, nous apportons le contenu », a précisé le CEO de Yeswecange.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de la moitié de la population mondiale vit en milieu urbain. Cette tendance devrait se poursuivre. L’OMS prévoit une augmentation de 1,63% par an entre 2020 et 2025. Selon la GSMA, cette hausse va infliger une pression supplémentaire sur les infrastructures et les services.
Pour relever ce défi, les Etats s’orientent vers le développement de « villes intelligentes », les smart cities. Reste maintenant à chaque pays de décrire ses attentes en analysant les forces et faiblesses des projets réalisés ou en cours.
Avec CIO-mag