C’est le dossier de couverture de Sciences et Avenir 822, daté août 2015. Edito, en texte et vidéo, par Dominique Leglu, directrice de la rédaction.
ÉTOILES. Qui n’a entendu un jour énoncer l’une pour l’autre ? Astrologie pour astronomie, sœurs célestes jadis amies, aujourd’hui ennemies ou quasi… Problème, même le grec ne se révèle pas ici d’un grand secours. Nomos versus logos. L’un a donné gastronomie, agronomie, économie… L’autre météorologie, cosmologie, océanologie… Alors, qu’est-ce qui fait science et qu’est-ce qui n’en relève pas ? Notre français savant joue ici au labyrinthe. Il nous faut parcourir le chemin des mots à travers les siècles pour s’y retrouver. Telle Ariane, c’est à cette exploration que Sciences et Avenir invite pour son numéro 822, daté août 2015. Comme les amoureux du ciel le subodorent, tout commence en Mésopotamie. Du moins, c’est de là que viennent les premiers témoignages sur tablettes d’argile. Car, avouons-le, on ne saura jamais comment Lucy l’Australopithèque regardait le firmament il y a trois millions d’années, ni ce qu’en pensait Cro-Magnon il y a 30.000 ans… Au Moyen-Orient, en revanche, des érudits commencèrent à échafauder de jolies figures évocatrices. Une idée si séduisante qu’elle a traversé le temps : les constellations étaient nées. À n’en pas douter, ce mois d’août, allongés dans un pré ou en haut d’une montagne, loin de la pollution lumineuse, vous serez toujours nombreux à pointer du doigt la Grande Ourse et certaines de ses charmantes étoiles, Mizar, Merak ou Alkaïd. Peut-être surprendrez-vous au passage quelque météorite et ne pourrezvous vous empêcher de faire un voeu ! De leurs observations, les Mésopotamiens, eux, tirèrent calendriers et aussi oracles. C’était le temps, comme nous le rappelons, où astrologues et astronomes ne faisaient qu’un. Et cela a duré des millénaires. Quand le microcosme (l’homme) rejoignait le macrocosme. Mieux valait alors être né sous une bonne étoile et avoir les astres avec soi, que l’on soit empereur céleste, pharaon ou Roi-Soleil… Aujourd’hui, foi de révolution copernicienne, tout a changé. Notre Terre n’est plus au centre du monde et l’Univers n’a rien à voir avec le ciel du Moyen Âge. Et pourtant ! Sondages Sofres à l’appui, on peut affirmer qu’un quart des Français ou presque continue de croire aux horoscopes et aux prédictions par les signes astrologiques. Peut-être même davantage que ceux qui en font profession… Les “nouveaux astrologues”, c’est ainsi qu’on peut les nommer, agissent en effet moins en madame Soleil qu’en psychologues. En coaches rassurants. Les statistiques peuvent bien démontrer qu’il n’existe aucune corrélation entre la position des astres le jour de la naissance et le caractère de tel ou tel individu ; la physique apporter la preuve que l’attraction des corps célestes sur nous est totalement négligeable ; les astronomes assurer scientifiquement que dans le zodiaque, quelle erreur ! outre Verseau, Bélier et autre Scorpion, il y a aussi le Serpentaire, oublié des astrologues… Les paroles de ces derniers gardent un impact insoupçonné. À parier, Diderot et d’Alembert, pour qui“le nom d’astrologue [était] devenu ridicule”, en seraient médusés.
Avec Sciences Et Avenir