Selon nos informations, les créneaux horaires de décollage d’Air Berlin, liquidée en fin d’année, ont été distribués. La Compagnie a obtenu des créneaux lui permettant d’assurer 10 vols hebdomadaires vers Newark. French Blue a quant à elle obtenu des créneaux pour assurer deux vols quotidiens. Les créneaux reçus par Aigle Azur devraient lui permettre de lancer des vols long-courriers vers l’Asie. Si plusieurs villes sont étudiées, Pékin tient la corde.
Ébullition à Orly. Dans la foulée de l’annonce de l’arrivée cet été de Level, la compagnie low-cost long-courrier du groupe IAG qui se lancera vers New York, Montréal et des Antilles, mais aussi de celle vers New York en février de Norwegian, la plus grosse low-cost long-courrier européenne, une nouvelle vague de vols long-courriers se profile au départ de l’aéroport du sud parisien.
Un pool de plus de 4690 créneaux
Un développement d’autant plus significatif que cet aéroport présente la double caractéristique d’être essentiellement spécialisé sur les vols domestiques et moyen-courriers et d’avoir une capacité plafonnée à 250.000 mouvements (décollages, atterrissages) par an depuis 1994, laquelle entraîne des distributions de créneaux horaires de décollages (« slots » dans le jargon) au compte-gouttes au gré des disparitions de compagnies aériennes ou des suppressions de lignes d’aménagement du territoire. C’est le cas aujourd’hui.
Avec la liquidation d’Air Berlin et la récupération d’autres créneaux restitués par certaines compagnies, Cohor, l’organisme en charge des créneaux horaires, a constitué et distribué un nouveau de pool de 4.690 créneaux (équivalents à six vols quotidiens), redistribués pour la quasi-totalité d’entre eux à des compagnies françaises pour assurer des vols long-courriers.
La Compagnie touche enfin au but
L’une des annonces les plus spectaculaires concerne La Compagnie, un transporteur 100% classes affaires à bas prix positionné uniquement sur l’axe Paris-New York. Installé jusqu’ici à Roissy-Charles de Gaulle, La Compagnie a obtenu l’équivalent de 10 vols hebdomadaires pour la desserte de l’aéroport de Newark. De quoi lui permettre, si elle le souhaite, de transférer son activité de Roissy à Orly, comme elle l’a souvent espéré. Faute de “slots” à Orly lors de sa création en 2014, La Compagnie s’était en effet résignée à aller à Roissy, après avoir tenté de s’installer au Bourget. Même si elle pouvait espérer à terme des synergies en se rapprochant à Roissy de XL Airways (les deux transporteurs ont le même actionnariat), une installation à Orly, un aéroport très apprécié de la clientèle “affaires”, constitue une opportunité unique pour asseoir son modèle. Même si La Compagnie a un profil différent de celui de Level et de Norwegian, la bataille s’annonce néanmoins féroce entre ces trois acteurs qui desserviront donc tous l’aéroport de Newark, à “deux pas” de Manhattan.
Aigle Azur lorgne l’Asie
Même si elle paraît anodine sur le papier, l’annonce des créneaux obtenus par Aigle Azur a de fortes de chances d’être aussi spectaculaire que celle de La Compagnie. Spécialisés jusqu’ici sur le moyen-courrier, les 5 vols hebdomadaires obtenus vont être utilisés pour ouvrir des vols long-courriers, comme la direction l’a indiqué en décembre. Selon nos informations, ces créneaux devraient servir à ouvrir des vols vers l’Asie. Si la compagnie regarde plusieurs destinations comme Hongkong, Bangkok ou Pékin, cette dernière tient la corde. Maintes fois évoqué depuis l’arrivée dans le capital du groupe chinois HNA en 2012, ce projet avait toujours buté sur l’impossibilité de survoler la Sibérie, qui permet d’assurer les vols les plus courts. Annoncé en décembre, mais sans préciser les destinations, le lancement sur le long-courrier montre que la compagnie s’est remise en mouvement depuis l’arrivée, l’été dernier du nouveau Pdg Frantz Yvelin, ancien Pdg de La Compagnie, aujourd’hui dirigée par Laurent Magnin, également Pdg de XL Airways.
Le projet d’Aigle Azur pourrait donc bien correspondre aux propos tenus ce jeudi par Augustin de Romanet, le PDG d’ADP qui, lors de la présentation de ses voeux à l’aéroport d’Orly, a évoqué l’hypothèse de liaisons asiatiques dès l’été prochain, en refusant de donner plus de détails.
French Blue sauve les meubles
Par ailleurs, la compagnie low-cost long-courrier French Blue, filiale comme Air Caraïbes du groupe Dubreuil, obtient des créneaux qui leur permettront d’assurer non seulement le programme actuel, mais aussi celui que permettra d’assurer à l’arrivée prochaine d’un nouvel A350.
Les deux compagnies du groupe Dubreuil peuvent respirer. Car la faillite d’Air Berlin les fragilisait. Trois vols quotidiens assurés par ces deux compagnies au départ de l’aéroport d’Orly utilisaient en effet des « slots » du transporteur allemand, en raison d’un accord de « partage de codes » signé au printemps 2017. Des créneaux dont les deux compagnies n’étaient pas assurées de récupérer lors de leur distribution, alors que French Blue devait en obtenir de nouveaux pour pouvoir assurer sa desserte de Papeete via Papeete en mai prochain avec l’arrivée d’un nouvel A350. Si les deux compagnies dirigées par Marc Rochet ont une nouvelle fois éviter le pire, la pénurie de créneaux horaires à Orly (un thème curieusement mis de côté par les Assises du transport aérien prévues en mars) reste un enjeu de taille pour assurer la forte croissance prévue par le groupe Dubreuil au cours des prochaines années.
Ryanair repart bredouille
British Airways avait elle aussi signé le même type d’accord avec Air Berlin pour assurer deux de ses trois vols quotidiens vers Londres. La compagnie a elle aussi obtenu des créneaux lui permettant de maintenir sa ligne, redirigée pour l’occasion de Heathrow à London City Airport. Vu la concurrence de l’Eurostar sur cet axe, il ne faut pas exclure que ces créneaux soient un jour transférés à Level pour la prochaine étape de son développement à Orly.
Enfin, sur le moyen-courrier, Transavia Holland a obtenu quelques créneaux pour relier Amsterdam. À noter que Ryanair postulait pour des créneaux à destination de Dublin. Mais n’a rien reçu.
Avec latribune