Quinze ans après l’effondrement du cabinet américain, un réseau interprofessionnel reprenant la marque Arthur Andersen se lance sur le marché. Une initiative qui irrite bon nombre d’anciens.
Arthur Andersen renaîtrait-il de ses cendres ? En 2002, à la suite du scandale Enron, la société d’audit et de conseil américaine avait été démantelée. Quinze ans plus tard, la marque refait surface sous la forme d’un réseau interprofessionnel composé de membres affiliés mais juridiquement indépendants.
Pour l’heure, aucune intégration ni redistribution de revenus donc, mais l’adhésion à une association loi 1901, moyennant un droit d’accès de 5.000 euros par an, et la signature d’un contrat de licence de marque qui permet aux cabinets adhérents d’utiliser le nom Arthur Andersen contre une redevance pouvant aller jusqu’à 2 % de leur chiffre d’affaires annuel. « Nous entrerons peut-être, d’ici deux ou trois ans, dans une logique d’intégration pour faciliter le partage de valeur créée autour de la marque, précise Stéphane Laffont-Réveilhac, associé et global managing partner d’Arthur Andersen & Co. Dans un premier temps, nous souhaitions avoir une structure juridique solide sur la gouvernance et souple dans la pratique. »
Lancé le 1er mars, le réseau compterait déjà 26 « bureaux » – sélectionnés parmi plus de 200 candidatures – répartis dans 16 pays différents, des Etats-Unis à la France, en passant par Chypre, la Grèce, l’Inde, le Brésil, l’Egypte, le Liban, le Qatar ou encore le Népal. Il ambitionne de doubler sa taille d’ici à la fin de l’année. « Nous voulons notamment associer, en France, des notaires et des huissiers pour pouvoir proposer à nos clients une vraie pluralité de services », ajoute Carlo Alberto Brusa, pilote du projet et avocat associé chez CAB Associés.
Une reconquête controversée
Avec un positionnement middle-market, Arthur Andersen & Co entend, à travers ses membres, délivrer des prestations en conseil et contentieux dans les domaines juridique, fiscal, audit, expertise comptable, transactions et services notariaux, mais exclut, pour le moment, toute mission de commissariat aux comptes. « Une décision qui n’est peut-être pas définitive mais facilitait notre redémarrage », indique Stéphane Laffont-Réveilhac.
Pour permettre cette « renaissance », il a, aux côtés de Véronique Martinez, ancienne associée d’Arthur Andersen et désormais présidente de l’association chapeautant le réseau, repris les marques, logos, visuels et slogans historiques d’Arthur Andersen et Andersen, tombés, selon lui, « en déshérence », et les a méthodiquement redéposés pays par pays. S’ils assurent avoir reçu dans leur projet « le soutien » des anciens d’Arthur Andersen, ceux contactés par « Les Echos Business » ont un tout autre avis. Ils y voient, pêle-mêle, « une gigantesque mascarade », une « initiative malhonnête », une « affabulation » et rappellent que le bureau de l’association des Anciens d’Arthur Andersen, « qui avait été spécialement réuni à ce sujet il y a quelques mois », avait unanimement condamné cette initiative. « Ce sont des charlatans qui récupèrent opportunément la marque sans en préserver les valeurs, assène l’un d’eux. De vrais anciens d’Arthur Andersen n’auraient jamais sali ainsi le nom du fondateur. »