Le groupe mutualiste se dote d’une filière « entrepreneuriat digital ». Il structure ainsi sa démarche de facilitateur auprès des jeunes pousses.
Garder une longueur d’avance dans l’accompagnement des jeunes pousses pour devenir le banquier incontesté des acteurs du numérique, telle est la volonté affichée par le Crédit Mutuel Arkéa dans le cadre de son nouveau plan stratégique « Arkéa 2020 ». Le groupe bancaire mutualiste vient pour ce faire de se doter d’une filière « entrepreneuriat digital », dont l’équipe d’une petite poignée de personnes issues du capital-investissement et du numérique sera directement rattachée au directeur général d’Arkéa, Ronan Le Moal. Elle sera en outre dirigée par Anne-Laure Navéos, responsable des opérations de croissance externe et des partenariats.
« Assembleur de compétences »
Alors que la vague des FinTechs et plus généralement des start-up d’e-commerce forcit à vue d’oeil, « il s’agit de “professionnaliser” notre démarche initiée il y a près de sept ans », précise Ronan Le Moal, qui a, notamment, mené l’acquisition de la cagnotte Leetchi, de la banque en ligne belge Keytrade ou encore la montée d’Arkéa au capital de la plate-forme de financement participatif Prêt d’Union.
L’équipe pluridisciplinaire resserrée de cette filière aura ainsi pour mission d’identifier les nouveaux acteurs les plus prometteurs et leurs besoins spécifiques pour devenir leur guichet d’orientation et leur facilitateur, aussi bien au sein du groupe qu’à l’extérieur, auprès de réseaux d’entrepreneurs ou de financeurs comme bpifrance. Lancé ce mardi et géré par la société de gestion Arkéa Capital Gestion, le fonds d’investissement de plus de 30 millions d’euros baptisé « West Web Valley 1 » doit faire office de bras armé de cette filière pour la région Grand Ouest (voir encart).
En structurant sa démarche « d’assembleur de compétences » pour les start-up du numérique, le Crédit Mutuel Arkéa marque, de fait, son territoire face à de nouveaux acteurs désireux de se positionner sur ce même créneau avec l’ambition de capter une partie de la croissance potentielle de ces nouveaux acteurs. En Allemagne en particulier, Wirecard fournit les services bancaires de nombreuses jeunes pousses, dont la banque digitale Number26 et la solution de paiement mobile Orange Cash.
Plus récemment encore, Solaris, une autre start-up allemande, qui a obtenu en mars sa licence bancaire du régulateur germanique (la BaFin), se positionne comme une plate-forme de services bancaires en marque blanche pour les acteurs du digital désireux de fournir leurs propres services financiers. « La prestation de services financiers en marque blanche est un phénomène croissant qui prend de plus en plus de place dans notre compte de résultat », souligne de son côté Ronan Le Moal. « Notre agilité et notre caractère technophile nous donnent des raisons de croire que nous pouvons garder une longueur d’avance », conclut-il.
Un fonds pour stimuler l’entrepreneuriat breton
Lorsqu’ils ont fondé en 2012 la West Web Valley, un accélérateur de start-up du Grand Ouest, Sébastien Le Corfec, Charles Cabillic et Ronan Le Moal (directeur général de Crédit Mutuel Arkéa) voulaient donner aux jeunes pousses de la région les moyens de décoller. « On s’est rendu compte que la vraie difficulté pour les entrepreneurs consiste à trouver un écosystème pour se financer », explique Sébastien Le Corfec dont la plate-forme de covoiturage, Roulez Malin, n’a, faute de financements suffisants, pas réussi à percer même si elle a été lancée quelques années avant le succès de BlaBlaCar.
Aujourd’hui, l’accélérateur breton, qui accompagne déjà des projets en mettant à disposition des entrepreneurs un écosystème économique (réseau de dirigeants, d’entrepreneurs, d’investisseurs…) et des services d’accompagnement, passe un nouveau cap. Il se dote en effet d’un levier financier de 30 millions d’euros : géré par la société de gestion Arkéa Capital Gestion, le fonds d’investissement baptisé « West Web Valley 1 » a vocation à investir dans des start-up numériques bretonnes et du Grand Ouest.
Une thèse d’investissement assez large
« Nous voulons créer des succès stories en régions qui créent des emplois localement en leur donnant du carburant financier pour leur première levée de fonds et pourquoi pas pour une seconde », poursuit Charles Cabillic, en charge de l’accélérateur aux côtés de Sébastien Le Corfec. Pour rassembler les 30 millions d’euros, qui constituent le pécule de départ du fonds, les deux entrepreneurs se sont tournés d’abord vers Crédit Mutuel Arkéa et le Fonds French Tech Accélération géré par bpifrance. Contributeurs respectivement à hauteur de 12 millions d’euros, ils ont apporté la majorité du capital. Le solde provient d’investisseurs institutionnels et de plus d’une vingtaine d’entreprises bretonnes. « Ils pourront co-investir avec le fonds à hauteur de 50 % dans les entreprises et dénicher des projets innovant en lien avec leurs activités », fait valoir Sébastien Le Corfec.
De fait, la thèse d’investissement du fonds ouvre le champ à de nombreux secteurs. Si les entreprises doivent attester d’un lien avec le Grand Ouest, elles peuvent intervenir dans tous les secteurs d’activités pourvu qu’elles soient particulièrement innovantes et centrées sur le numérique. « Nous regarderons de près les start-up de la foodtech, de l’agrotech et de la cybersécurité pour développer des solutions utiles à la région », précise Charles Cabillic, qui prévoit 5 à 7 investissements par an au cours des cinq prochaines années.
avec les echos