Les Européens installés au Royaume-Uni ne sont pas au mieux de leur forme. Theresa May, ministre de l’intérieur et favorite pour remplacer David Cameron au poste de premier ministre, refuse de garantir leur droit au séjour dans les années à venir. Il serait « très imprudent », selon elle, de leur donner une quelconque assurance avant que les Etats continentaux aient fait de même pour les Britanniques installés sur leur sol.
La menace réitérée par l’ancien premier ministre Alain Juppé, dans le Financial Times du 4 juillet, alors qu’il effectuait une visite à Londres, de reporter de Calais à Douvres la frontière franco-britannique, annonce le bras de fer post-Brexit à venir sur la question migratoire et la « jungle » de Calais. « La logique exige que les contrôles aux frontières aient lieu sur le sol britannique », a justifié le candidat à la primaire des Républicains.
Référendum européen
C’est dans ce contexte chargé que, cinq jours après son concurrent Nicolas Sarkozy, M. Juppé est venu « rassurer et écouter » la communauté française de Londres dans une salle de 750 personnes pleine à craquer du quartier de Kensington. A un auditeur s’inquiétant des conséquences du Brexit qui lui demandait de « tendre la main aux 48 % de Britanniques qui veulent rester dans l’UE », M. Juppé a déclaré qu’il n’était « pas question de punir » le Royaume-Uni. L’UE a « tout fait pour éviter la séparation, a-t-il estimé. Mais le choix a été fait. Quand on divorce, on ne continue pas de cohabiter. J’espère que cela servira de leçon aux électeurs français, qu’ils écouteront un peu moins les populistes. »
Alain Juppé a tenté d’insuffler un peu d’enthousiasme européen. « Partageons-nous une culture, une civilisation et des valeurs ? Je le crois profondément », a-t-il lancé. Après une « vraie explication avec l’Allemagne » et une promesse française de « réformer pour retrouver sa crédibilité », un nouveau projet européen ayant l’ambition de « jouer un rôle politique sur la scène mondiale » pourrait être soumis aux peuples européens par référendum. Une consultation non pas sur l’existant, mais sur un grand dessein : « L’Europe doit être un “fauteur de paix” sur la planète. »
avec lemonde