Vivendi a mis sur la table près d’un milliard de dollars pour racheter le bouquet de télévision payante africain Multichoice, mais a été éconduit par son propriétaire, le sud africain Naspers.
“Transformer cette holding financière en groupe industriel intégré dans les contenus”. Telle était la promesse faite par Vincent Bolloré lorsqu’il a pris la tête de Vivendi mi-2014.
Las! Le nouveau président du conseil de surveillance a surtout racheté moult participations minoritaires dans de nouveaux secteurs: les télécoms (Telecom Italia), les jeux vidéo (Ubisoft), la distribution (Fnac Darty)…
Complémentaire de Canal Plus
Pourtant, l’industriel breton a bien tenté, il y a quelques mois, une grosse acquisition rentrant tout à fait dans le coeur du métier du groupe. Il s’agissait de Multichoice Africa, un bouquet de télévision payante anglophone couvrant 48 pays d’Afrique noire, et comptant 4,6 millions d’abonnés: 2,6 millions par satellite, plus 3 millions en TNT dans 10 pays (*).
Présent en Afrique anglophone, Multichoice Africa est parfaitement complémentaire de Canal Plus, présent en Afrique francophone. D’ailleurs, Vivendi et sa filiale Canal Plus, avant l’arrivée de Vincent Bolloré, avaient déjà proposé de racheter Multichoice, mais à l’époque Multichoice n’était pas à vendre.
Plonger dans le rouge
Mais l’an dernier, Multichoice Africa a été mis en vente par son propriétaire, le groupe sud africain Naspers. Explication: Multichoice Africa a vu ses résultats plonger dans le rouge depuis 2015 (cf. chiffres ci-dessous), notamment en raison du lancement de la TNT depuis 2012, qui nécessite de lourds investissements, et ramène des clients peu rémunérateurs (en moyenne 4,8 dollars américains par mois).
Plusieurs offres ont été déposées, dont une émanant de Vivendi. Au préalable, l’offre du français avait été approuvée courant 2017 par le conseil de surveillance de Vivendi. Pour emporter le morceau, le français était près à mettre près d’un milliard de dollars sur la table.
Pas besoin d’argent
Hélas, cette offre n’a pas été acceptée par Naspers, qui l’a visiblement jugée insuffisante. A l’heure qu’il est, Multichoice Africa n’a toujours pas été vendu, sans qu’on sache si la vente a été abandonnée ou pas.
Il faut dire que Naspers, qui pèse en bourse plus de 100 milliards de dollars américains, n’a pas vraiment besoin d’argent, et est quasiment désendetté. Ensuite, Multichoice Africa est très complémentaire d’une activité à laquelle tient beaucoup Naspers: son activité de télévision en République sud africaine, qui opère aussi sous la marque Multichoice, mais qui est très rentable: 31% de marge sur le semestre clos fin septembre 2017.
Contactés, Naspers a répondu “avoir pour politique de ne pas confirmer ou démentir ses activités d’acquisition ou de cession”, tandis que Canal Plus n’a pas souhaité faire de commentaires. Le 19 février, le directeur général de Canal Plus Maxime Saada avait déclaré: “Il est possible qu’on fasse de la croissance externe à l’international, mais toujours dans une logique de masse critique d’abonnés”.
(*) Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigeria, Rwanda, Burundi, Ouganda et Zambie (non encore opérationnel en Sierra Leone et au Zimbawe)