Le président guinéen Alpha Condé a confirmé mercredi l’éviction de l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Kéléfa Sall, avec qui il était notoirement en froid, et son remplacement par Mohamed Lamine Bangoura, jusqu’ici vice-président de cette institution.
Après avoir démis de ses fonctions de président M. Sall début septembre, estimant qu’il avait “perdu toute légitimité”, les huit autres magistrats de la Cour avaient élu M. Bangoura pour lui succéder le 28 septembre.
L’accession à la présidence de la plus haute juridiction du pays de M. Bangoura a été confirmée par un décret du chef de l’Etat lu mercredi soir sur les médias d’Etat, a constaté un correspondant de l’AFP.
Lors de la prestation de serment en décembre 2015 d’Alpha Condé, M. Sall l’avait mis en garde contre la tentation de toucher à la Constitution, alors que le chef de l’Etat, dont le second mandat s’achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats en Afrique.
L’opposition et des représentants de la société civile, dont l’association “Balai citoyen”, accusent M. Condé de “manoeuvres politiques” pour faciliter une modification de la Constitution à deux ans de la présidentielle et alors qu’aucune date n’a encore été fixée pour des législatives prévues en principe en septembre ou octobre.
Plusieurs manifestation de soutien au désormais ex-président de la Cour constitutionnelle ont été organisées ces dernières semaines à Conakry, dont une a été dispersée sans ménagement par les forces de l’ordre.
Ancien opposant historique, Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d’Afrique de l’Ouest, régie jusqu’alors par des pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux, et qui a fêté mardi les 60 ans de son indépendance.
Malgré la richesse de son sous-sol, plus de la moitié de la population de Guinée vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un euro par jour, selon l’ONU.
Avec AFP